Pourquoi certaines rues de Paris n’ont-elles pas de nom ?

Parmi les plus de 6 000 voies que compte Paris, certaines intriguent par leur nom étrange, d’autres font sourire… Mais saviez-vous que certaines d’entre elles n’ont même pas de véritable nom ? Obligée de nommer l’ensemble de ses rues -même celles qui ne sont pas destinées à être habitées ni même fréquentées- la Ville de […]

Apr 30, 2025 - 10:22
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Pourquoi certaines rues de Paris n’ont-elles pas de nom ?

Parmi les plus de 6 000 voies que compte Paris, certaines intriguent par leur nom étrange, d’autres font sourire… Mais saviez-vous que certaines d’entre elles n’ont même pas de véritable nom ? Obligée de nommer l’ensemble de ses rues -même celles qui ne sont pas destinées à être habitées ni même fréquentées- la Ville de Paris a développé un système bien rodé pour les identifier. Voie A/1, voie AC/12, voie AD/15… que veulent dire ces codes étranges, et pourquoi ces rues sont-elles anonymes ? On vous explique.

Mais pourquoi des rues sans nom ?

Voie AD/15
Voie AD/15

Dans la majorité des cas, ces voies sans nom sont des bretelles du périphérique parisien, des tunnels, ou des accès à des ateliers municipaux. Bref, des passages sans habitations et sans piétons, rien qui nécessite d’être rattaché à un illustre personnage de l’histoire. Pourtant, il s’agit parfois de rues au cœur de Paris, comme la voie A/1 près de la place Vendôme ou la voie résidentielle AF/16 dans le 16e. Alors, au cas où vous en croisiez une sur votre chemin, on vous apprend à décrypter ces désignations mystérieuses, puisque derrière ces codes se cache en réalité une logique bien précise. Une ou deux lettres de l’alphabet précisent le rang de la rue parmi les voies non nommées, puis après une barre oblique, le chiffre correspond à l’arrondissement. Donc si vous apercevez la voie Z/20, vous êtes devant la vingtième voie sans nom du 20e arrondissement. Autre exemple, la passerelle André Léo qui surplombe le jardin de Reuilly et qui, avant de porter le nom d’une romancière et journaliste féministe, s’appelait simplement la voie “BZ/12”. Cela faisait donc d’elle la 78e voie du 12e a avoir bénéficié de cette désignation systématique.  Ce changement montre aussi que les voies sans nom ne le sont souvent que temporairement, avant de trouver le nom qui leur ira comme un gant. C’est ce qui est arrivé à la voie AA/12, devenue en 2013 la rue Miriam Makeba en hommage à la chanteuse sud-africaine, cinq ans après sa mort. 

Comment nomme-t-on les rues à Paris ? 

Pendant des siècles, le choix du nom des rues était laissé au bon vouloir des habitants, dans un cadre très informel. On s’inspirait alors des bâtiments environnants comme les églises (la rue Saint-Denis, à côté de l’église du même nom), des professions présentes (rue des Boulangers, rue de la Ferronnerie), des familles influentes du voisinage, ou de tout autre caractéristique de la rue (rue de l’Abreuvoir). Sous les règnes d‘Henri IV, Louis XIII et Louis XIV, le pouvoir commence à mettre un peu d’ordre dans tout ça,  et à officialiser les noms de rues. Puis, à partir de la Révolution, on veut honorer les grandes figures, et on commence à donner aux rues les noms de personnages illustres : Victor Hugo, Gambetta, George Sand,…

 

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Depuis la loi de 1982, la dénomination des voies revient à la charge des communes : dans la capitale, c’est donc le conseil de Paris qui tranche. Une lourde tâche à assumer, puisque nommer une rue, c’est faire un choix symbolique, culturel et politique. C’est bien pour cela que le nom des rues ne cesse de changer, et certaines -qui portaient le nom de personnages controversés- sont rebaptisées. C’est le cas de la rue Alexis-Carrel, supprimée en 2002 en raison des idées nazies du médecin nobélisé, et plus récemment du jardin Abbé-Pierre dans le 13e. Aujourd’hui, une attention particulière est portée à la féminisation des rues : on a vu naître la promenade Gisèle-Halimi dans le 7e arrondissement en 2021, ou les passerelles Arletty et Emmanuelle Riva sur le canal Saint-Martin en 2022. Alors, à l’image de l’ex voie BZ/12 devenue André Léo, et de l’ex AA/12 devenue Miriam Makeba, peut-être qu’un jour, ces voies sans nom porteront à leur tour le nom d’une femme illustre ?

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Image à la une :
Plaque de rue parisienne © Adobe Stock (modifiée)