Trump menace d’imposer une taxe de 100 % sur les films tournés hors des États-Unis : l’industrie du cinéma abasourdie
L’annonce de Donald Trump de taxer à 100 % les films produits à l’étranger suscite une onde de choc dans le monde du cinéma

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Une déclaration confuse qui plonge la filière dans l’incertitude
Ce week-end, Donald Trump a annoncé sur ses réseaux vouloir instaurer une taxe de 100 % sur les films tournés en dehors du territoire américain. Aucune précision sur les modalités, l’application ou le calendrier. Pourtant, la menace est prise au sérieux, tant elle pourrait désorganiser un secteur mondial fondé sur des productions transnationales.
Car aujourd’hui, une grande partie des blockbusters américains sont tournés en Europe. Le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, la Hongrie, ou encore l’Italie accueillent chaque année des dizaines de tournages, attirés par des décors, des équipes techniques qualifiées, mais surtout des incitations fiscales avantageuses. Même The Passion of the Christ : Resurrection, prochain film de Mel Gibson, pourtant ambassadeur culturel de Trump, est prévu en Italie.
À Londres, la réaction a été immédiate. Des producteurs dénoncent une décision absurde et irréaliste. "Cela voudrait dire qu’un film américain ne peut plus tourner en Europe ? C’est ignorer totalement la réalité de l’industrie", résume un producteur britannique (via Variety). D’autres s’interrogent : que se passe-t-il pour les films en cours de tournage ou en postproduction ? Comment appliquer une taxe sur une "prestation de service" plutôt qu’un bien tangible ? Les incertitudes sont nombreuses, et l’annonce, trop vague, n’est accompagnée d’aucun texte réglementaire.
Une mesure qui pourrait pénaliser… les États-Unis eux-mêmes
C’est le paradoxe souligné par de nombreux professionnels : si ces taxes voyaient le jour, ce sont d’abord les studios américains qui en subiraient les conséquences. En l’absence d’incitations fédérales fortes, nombre de productions ont quitté les États-Unis ces dernières années, même après la fin des grèves à Hollywood. Le tournage du prochain Avengers a, lui aussi, migré vers l’Europe. Instaurer une taxe reviendrait à doubler artificiellement les coûts des films, sans garantie de bénéfice local.
Pour certains acteurs du secteur, la seule conséquence d’une telle décision serait une accélération du recours aux technologies de substitution, notamment à l’intelligence artificielle, pour contourner les contraintes logistiques. D’autres redoutent une riposte de l’Europe : une taxe équivalente sur les films tournés aux États-Unis pourrait inciter les distributeurs européens à se détourner d’Hollywood et miser davantage sur la production locale.
En France, en Italie, en République tchèque ou encore à Dubaï, l’inquiétude est partagée. Mais aucun mouvement de panique pour l’instant. La plupart des professionnels attendent de voir si cette déclaration se traduit concrètement, ou s’il s’agit, une fois encore, d’un coup de communication à courte portée. Comme le résume un producteur italien en plein tournage : "On ne va pas tourner James Bond à Detroit. Ce n’est pas comme ça que ça marche."