Paris prépare la baignade dans la Seine : où pourra-t-on plonger cet été ?
Pendant les J.O 2024, les épreuves de natation dans la Seine ont fait grand bruit. Depuis, la promesse persiste : rendre certains sites accessibles à la baignade pour l’été 2025. Mais l’idée de se baigner dans le fleuve ne fait pas l’unanimité : beaucoup restent sceptiques quant à des questions d’hygiène, tandis que les acteurs […]

Pendant les J.O 2024, les épreuves de natation dans la Seine ont fait grand bruit. Depuis, la promesse persiste : rendre certains sites accessibles à la baignade pour l’été 2025. Mais l’idée de se baigner dans le fleuve ne fait pas l’unanimité : beaucoup restent sceptiques quant à des questions d’hygiène, tandis que les acteurs de l’industrie fluviale s’inquiètent de plus en plus pour leurs activités. De son côté, la Ville de Paris continue de porter le projet fièrement et déploie tous les moyens nécessaires pour poursuivre ce rêve (enfin, selon les points de vue). Jacques Chirac en parlait déjà en 1988, et trente six ans plus tard, les J.O ont réalisé l’exploit, ouvrant la voie pour l’été 2025. Alors à trois mois de l’échéance annoncée, où en est le projet ? Pourra-t-on réellement se baigner cet été, et si oui, où ? On fait le point sur ce projet ambitieux et les tensions qu’il cristallise.
Où pourra-t-on se baigner, et où en sont les travaux ?
Trois sites sont en cours d’installation pour offrir aux parisiens la possibilité de piquer une tête cet été : un à Bras Marie, au nord de l’île Saint-Louis (IVe), un autre au port de Grenelle (XVe), et le troisième au pont de Bercy (XIIe). Ces sites seront accessibles gratuitement, et à tous ! Mais concrètement, à quoi ressemblera une baignade dans la Seine ? Des pontons flottants seront aménagés pour descendre dans l’eau, et dessus, des transats permettront de se prélasser au soleil. À Bras Marie, le chantier avance, et d’ici trois mois les nageurs pourront profiter d’un ponton de 75 mètres de long sur 5 mètres de large : le site pourra accueillir jusqu’à 3000 personnes. Un bassin ouvert délimité par des bouées offrira une zone de baignade s’étendant jusqu’à 15m au large, où l’on pourra barboter et admirer les immeubles haussmanniens en levant la tête. La baignade sera bien sûr surveillée. Entre les ponts de Bercy et de Tolbiac, un deuxième site s’étendra sur 110 mètre, tandis qu’à Grenelle, un ponton devrait être installé à partir de la mi-mai.
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Et la qualité de l’eau alors ?
Déjà au cœur des débats l’année dernière pendant les J.O, la question de la qualité de l’eau continue de décourager beaucoup de parisiens. Pour apaiser ces craintes, la Ville de Paris assure que l’eau fera l’objet d’analyses quotidiennes, surtout en cas de fortes pluies et de risques de pollution passagère. Pour que ce rêve un peu fou devienne réalité, l’Etat et les collectivités locales ont investi 1,4 milliard d’euros au total, une somme considérable qui a permis de moderniser le réseau d’assainissement. Au-delà de rendre la baignable possible, ces efforts ont aussi servi à dépolluer, et à réparer les dommages causés par l’activité humaine sur le fleuve depuis des décennies ! Parmi les grands ouvrages, le bassin d’Austerlitz : capable de stocker environ 50 000 m³ d’eaux pluviales, il permet d’absorber ce qui était avant rejeté dans la Seine lors des événements pluvieux intenses.
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Un projet qui suscite son lot de polémiques
Si l’hygiène est une préoccupation pour certains, les acteurs de l’industrie fluviale s’inquiètent pour des raisons économiques. Avec le début des chantiers, la Communauté portuaire de Paris (CPP) et les Entreprises fluviales de France (E2F) ont exprimé leurs craintes quant à l’impact des zones de baignade sur leurs activités. L’enjeu est de réussir à faire cohabiter les loisirs et les activités économiques (croisières touristiques et transport fluvial) . En empiétant sur des espaces actuellement utilisés à ces fins, les zones de baignade pourraient bien créer des problèmes de circulation. Pour régler ce conflit d’usages, la Ville de Paris se déclare prête à faire des compromis quant aux horaires et aux possibles aménagements pour bien partager la Seine. Les discussions sont engagées, mais soulèvent plus ou moins de tensions selon les sites. À Bercy, cela ne devrait pas poser trop de problèmes, et le site devrait être ouvert à la baignade de 11h à 21h. Le site de Grenelle, quant à lui, devrait être ouvert moins longtemps, de 10h à 18h en raison du trafic fluvial. Mais pour le site du Bras Marie, les choses se corsent un peu, car la baignade aurait possiblement de lourds impacts sur l’industrie fluviale. À trois mois de l’ouverture annoncée, les discussions sont encore houleuses : la mairie a proposé des créneaux de baignade allant de 8h à 18h, voire de 10h à 18h, quand les acteurs du secteur, eux, préféreraient une fermeture à midi.
Et après ? Cap sur la Marne en 2026

Pourquoi se priver, quand on peut voir les choses en grand ? Dans la foulée de ces travaux d’assainissement pour les J.O, un autre site de baignade devrait ouvrir d’ici 2026, à Neuilly-sur-Marne. L’annonce a été faite le samedi 22 mars, à l’occasion de la Journée mondiale de l’eau (une belle façon de célébrer). L’idée ? Offrir un accès gratuit à trois bassins en eau vive dans un bras de la Marne fermé à la navigation commerciale. Les travaux prévoient aussi de sécuriser le port de plaisance existant, pour éviter les rejets polluants dans la rivière.
Image à la une :
Baignade dans la Seine – 2024, Instagram Eric Lejoindre