Milan 2025 : Dior Maison présente 3 vases XXL en verre signés Sam Baron
À l’occasion du Salone del Mobile, Dior Maison dévoile en avant-première trois pièces exceptionnelles en verre créées par le designer français Sam Baron. Des vases au format XXL, réalisés en Italie, en édition limitée, et sur commande. À découvrir jusqu’au 13 avril 2025 au coeur de la boutique Dior, via Montenapoleone à Milan. Sam Baron nous raconte.

Les trois vases présentés en avant-première dans le cadre du Salone del Mobile, à Milan, font partie d’une série de créations plus large de pièces des arts de la table nommée « Ode à la nature ». En quoi cette collection s’inscrit-elle dans l’esprit Dior ? Comment vous êtes-vous plongé dans l’héritage de la maison ? Qu’est-ce qui vous a inspiré ?
J’ai proposé l’idée de la collection Ode à la nature, parce que Monsieur Dior entretenait une passion affirmée pour le jardin comme espace de ressourcement et également d’inspiration. On retrouve, dans son travail, une multitude de références botaniques, que cela soit dans la forme des vêtements, les broderies ou les motifs, ou encore dans les mises en scène avec de généreux bouquets de fleurs lors de ses défilés, à l’époque alors appelés « présentations ». Il conférait également des qualités spécifiques à certaines fleurs comme, par exemple, le muguet, qui devient sa fleur porte-chance, qu’il place alors inévitablement dans l’ourlet du vêtement porté par la mannequin qui ouvrait le lancement de collections. À travers cette thématique, Dior prend de façon actuelle le crédit de la nature en général, sous ses différentes formes, végétales ou animales, et interprétations, des formes aux motifs. Cela s’inscrit aussi dans la continuité, puisque les archives de la maison regorgent d’objets qui abordaient déjà certains de ces thèmes.
Les motifs végétaux et floraux sont une signature de cette collection. Quelle a été votre approche pour intégrer ces motifs de manière subtile et élégante ?
La signature de cette collection est un équilibre élégant entre les formes et les décors. Les corps des pièces sont élancés avec des lignes dessinées et, à la fois, ces objets sont ornés d’éléments décoratifs. Nous avons travaillé également sur le fait que les fleurs et ramages soient inventés. On ne reconnaît pas forcément un lys ou une rose, ni du lierre ou du laurier… Nous avons composé un imaginaire qui fait référence à cette nature onirique. Le verre qui compose les objets de la collection offre, par sa transparence, une présence généreuse, tout en étant subtile, au décor.
Ces trois vases sont impressionnants par leurs dimensions – près de un mètre de haut. Quel a été le processus créatif derrière ces pièces monumentales et comment avez-vous abordé leur conception à cette échelle ?
Pour le prélancement exclusif du Salone del Mobile, à Milan, j’ai pensé opportun d’aller plus loin dans le thème et en matière de collection, en proposant des pièces « hors standard » proches de l’extraordinaire. Tout commence par l’idée et la narrative que ces pièces vont créer, je dessine ensuite plusieurs options, et souvent une multitude de variations. Ensuite, nous « éditons » ensemble, à trois — la maison Dior, le verrier et moi-même — afin de sélectionner ce qui est le plus juste, le plus fort et aussi ce qui reste « faisable » en matière de savoir-faire. Je dois avouer que, pour ces trois vases, chacun de nous est allé plus loin, pour ne pas dire est sorti de sa zone de confort, pour arriver à un tel résultat, assez impressionnant par la taille, la technicité hors pair et le positionnement de ces pièces en série limitée à huit exemplaires — le chiffre fétiche de Monsieur Dior !
Ce n’est pas la première fois que vous concevez des pièces à partir de verre soufflé bouche pour Dior Maison. Pourquoi ce matériau et ce savoir-faire ?
Il y a deux raisons qui expliquent que nous dessinions à nouveau des pièces en verre. Monsieur Dior en possédait lui-même, qu’il ramenait notamment d’Italie, et en vendait dans sa boutique Colifichets. C’est également un matériau assez complexe techniquement, mais que j’ai pu apprivoiser et comprendre, notamment par la relation que j’entretiens avec le maître verrier du nord de la Vénétie avec lequel je collabore depuis plus de vingt ans.
Le verre soufflé offre à voir des reflets lumineux uniques sur les pièces. Pouvez-vous nous expliquer l’impact de la matière sur l’aspect visuel de la collection et comment il accentue l’effet organique des pièces ?
La transparence du verre borosilicate soufflé et travaillé à la flamme est unique. Cela m’a permis de jouer avec cette qualité tout en enrichissant celle-ci par un travail sur la texture lorsque le verre est strié, et aussi d’user, et d’abuser, de ses propriétés pour le former, depuis le piétement et le corps des vases — nous atteignons par leur taille la limite possible — jusqu’aux branchages, feuillages et pétales, qui sont extrêmement détaillés et raffinés.
Les vases sont fabriqués à la main en Italie, grâce à un savoir-faire qui se transmet de génération en génération. Quelle importance accordez-vous à la valorisation de l’artisanat dans votre travail ?
C’est un aspect de la production des pièces qu’il me tient à cœur de mettre en avant en tant que créateur. L’artisanat n’est pas synonyme de « daté » ni de « ringard », et si l’on sait aborder ces savoir-faire maîtrisés par des personnalités qui leur dédient souvent leur vie — il naît de ces rencontres des pièces uniques, qui gagnent un statut et une valeur humaine hors du commun. Cela peut éventuellement être un challenge pour un designer de trouver un dessin actuel et contemporain qui puisse correspondre à une marque internationale tout en étant fait main, mais cela est possible et apporte une unicité que les amoureux des beaux objets savent apprécier.
« Quand je dessine pour Dior, je me dis souvent que les pièces que je crée pourraient résulter d’une conversation que j’aurais eue avec son fondateur »
En tant que designer, comment avez-vous réussi à équilibrer votre vision personnelle avec les attentes et l’univers d’une maison aussi iconique que Dior ?
Je crois que l’univers de Monsieur Dior et le mien sont assez connectés, d’une certaine façon. Je dirais même que nous partageons une bonne part de nos imaginaires. Quand je dessine pour la maison Dior, je me dis souvent que les pièces que je crée pourraient résulter d’une conversation que j’aurais eue avec son fondateur ! Il y a chez Dior une certaine modernité et élégance à la française, assumée, un classicisme décomplexé et un rapport au dessin et au décoratif qui me plaît. Je pense que c’est un exercice très intéressant pour un designer, de travailler pour une marque de mode avec un tel historique. Cela implique qu’il faut rechercher et analyser des codes qui la rende unique, s’imprégner de la personnalité du fondateur afin d’établir un langage formel qui permettra d’exprimer à travers des objets que l’on dessine une vision contemporaine qui puisse la représenter. D’une certaine façon, on se doit de se mettre au service de celle-ci à travers notre propre personnalité et créativité.