Ce magnifique édifice caché à Marseille a été pensé comme une parfaite imitation d’un célèbre château de la Loire
Appréciée pour son climat méditéranéen, sa nature fascinante ou ses spécialités culinaires à tomber, la ville de Marseille attire également les passionnés d’histoire, ne serait-ce que pour les nombreux monuments qui s’y trouvent. Tous racontent une partie de la longue histoire de la cité phocéenne, et ce n’est pas cet étonnant château caché dans le […]

Appréciée pour son climat méditéranéen, sa nature fascinante ou ses spécialités culinaires à tomber, la ville de Marseille attire également les passionnés d’histoire, ne serait-ce que pour les nombreux monuments qui s’y trouvent. Tous racontent une partie de la longue histoire de la cité phocéenne, et ce n’est pas cet étonnant château caché dans le 11ème arrondissement de Marseille qui dira le contraire.
Un monument lié à un riche armateur de Marseille
En 1840, Marseille est l’un des premiers ports mondiaux par le tonnage de sa navigation, derrière New York, Londres, Liverpool et Hambourg, mais surtout le premier port méditerranéen. Riche armateur de Marseille, Louis Régis exerce avec son frère Victor un négoce considérable sur la côte occidentale de l’Afrique et importe de la gomme et des oléagineux pour la savonnerie et l’huilerie marseillaises, comme le sésame, l’arachide et les noix de palme, multipliant les plantations de coton, d’indigo, de maïs. Dès lors, la maison Régis possède un capital de trois millions de francs en 1845 et compte en 1847 huit établissements entre le Sénégal et le Cap de Bonne Espérance. Riche de cette notoriété majeure, à laquelle on ajoute des fonctions prestigieuses comme juge au tribunal de commerce, conseiller municipal ou membre de la Chambre de Commerce, Louis Régis se retire de l’activité familiale et acquiert 35 hectares d’un vaste domaine où il fait construire un imposant château. Un édifice qui possède la particularité de se situer non loin de celui de la Buzine… qui sera le futur sujet puis demeure d’un certain Marcel Pagnol.
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Le petit Chenonceau devenu établissement scolaire catholique
Construit par deux architectes marseillais, Sixte Rey et Vaud, entre 1860 et 1865 et décoré par le sculpteur Émile Aldebert, le Château Régis est une véritable curiosité architecturale qui dénote totalement avec celui des bastides provençales. Et pour cause, puisque l’édifice a été pensé comme une imitation du château de Chenonceau, l’un des plus célèbres châteaux de la Loire. Il suffit par exemple d’admirer la façade principale du château, visible depuis l’autoroute, pour se sentir déboussolé. Ornée de sculptures (médaillons, bas-reliefs et termes en haut-relief) où l’on distingue les allégories du Commerce (caducée et bourse) et de la Navigation (gouvernail et boussole), ainsi que celles de l’Agriculture (faucille et corne d’abondance) et de la Musique ou de la Poésie (lyre), la façade du château est l’un des nombreux trésors d’un site inscrit au titre des monuments historiques depuis 1996, au même titre que son donjon et son parc. De nos jours, la bastide héberge l’œuvre de Notre-Dame de la Jeunesse, entourée par un établissement scolaire catholique accueillant un peu plus de 600 élèves. Pour fouler légalement l’ancien domaine des la famille Régis, il reste toutefois possible de se promener dans les 12 hectares mitoyens du Parc des 7 Collines, où l’on apprécie les jolis panoramas, le parcours sportif, la richesse naturelle incarnée par les pins d’Alep et autres arbousiers centenaires et, surtout… les fameux “Châteaux Pagnol” !
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Une étape de choix sur la route des “Châteaux Pagnol”
Au nombre de quatre, les “Châteaux Pagnol” désignent les édifices qui jalonnaient le parcours que Marcel Pagnol et sa famille empruntaient pour se rendre à la “Bastide Neuve”, située au Hameau des Bellons dans la commune d’Allauch. C’est dans l’une de ses plus célèbres œuvres, La Gloire de mon Père, que Marcel Pagnol évoque pour la première fois Bastide Neuve. L’été de ses neuf ans, sa famille loue une maison de campagne dans le hameau pour les vacances. Par la suite, c’est tous les samedis que les Pagnol retourneront à la villa. Mais le trajet est long : plus de 2h30 de marche. Pour y remédier, la famille trouve un raccourci qui les fait passer par quatre propriétés privées sur lesquelles se trouvent de somptueux châteaux. Le château Saint-Antoine est le premier que la famille Pagnol traversait pour se rendre sur leur lieu de villégiature. Construit à la fin du XVIIIe siècle, le château a connu d’illustres propriétaires, à l’image du comte Guy de Robien qui lui a donné le nom de “Château Saint-Antoine”, avant d’être acheté en 1995 par Marseille-Aménagement. Contrairement aux trois autres châteaux, il n’a pas fait l’objet d’une inscription aux titres des monuments historiques et se trouve dans un état de ruine avancé.Vient ensuite le plus connu des quatre châteaux : celui de la Buzine, racheté par Marcel Pagnol au début des années 40 et aujourd’hui connu comme étant la Maison des Cinématographies de la Méditerranée. Le site abrite depuis 2011 un cinéma de 350 places avec balcon et orchestre et un espace bibliothèque-vidéothèque équipé d’écrans tactiles, qui possède des ouvrages spécialisés sur le cinéma, des images d’archives, des documents… Enfin, avant le Château Régis, vient le château de La Reynarde, ancien fief médiéval aménagé en bastide au XVIIIe siècle et notamment connu pour avoir servi pendant la Seconde Guerre mondiale de résidence-refuge à une poignée de réfugiés espagnols puis agriculteurs, artisans, magistrats, ouvriers et universitaires.
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Château Régis
59 avenue de Saint Menet
13011 Marseille
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Image à la une : Château Régis © Wikimedia Commons