Zed Nelson : « Photographe de l’année » au Sony World Photography Awards

Pour cette 18ᵉ édition des Sony World Photography Awards, Zed Nelson obtient le titre de « Photographe de l’année » avec son travail sur l’anthropocène. Susan Meiselas est honorée par le prix Outstanding Contribution to Photography (Contribution exceptionnelle à la photographie).  […]

Apr 24, 2025 - 10:02
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Zed Nelson : « Photographe de l’année » au Sony World Photography Awards

Pour cette 18ᵉ édition des Sony World Photography Awards, Zed Nelson obtient le titre de « Photographe de l’année » avec son travail sur l’anthropocène. Susan Meiselas est honorée par le prix Outstanding Contribution to Photography (Contribution exceptionnelle à la photographie). 

Voilà une délibération très attendue  : Mercredi 16 avril, à Londres, s’est tenue la 18e cérémonie des Sony World Photography Awards. Une consécration pour Zed Nelson, photographe basé dans cette même ville. Il repart avec le titre de « Photographer of the Year » (photographe de l’année) et un chèque de 25 000 dollars en récompense. 

Photographe de l’année à l’ère de l’Anthropocène 

Le projet photographique du britannique s’installe sur le temps long  : six ans et quatre continents à explorer la fracture qui s’installe, s’élargit et s’infecte, entre la nature et l’humanité. « En s’emparant du concept d’“anthropocène”, qui qualifie la période actuelle de l’histoire de la Terre caractérisée par l’influence dominante de l’espèce humaine sur l’environnement, la série de Zed Nelson se concentre sur la réaction de l’humanité à son impact sur la planète », analyse le comité des Sony World Photography Awards.

Le photographe observe ainsi la relation entre nous – l’Homme – et la nature  : cette dernière est reléguée au rang de curiosité, enfermée dans les musées d’histoire naturelle, les zoos, les parcs naturels et les «  forêts urbaines  » comme on en trouve de plus en plus en Île-de-France. L’artificiel prend le pas sur le naturel, parfois sans égard pour notre propre santé, comme l’explique le neurologue français Michel Le Van Quyen dans son ouvrage Cerveau et nature. Pourquoi nous avons besoin de la beauté du monde. Pour le photographe, ces constructions permettent «  d’explorer la dissonance entre le désir humain de rester lié à la nature et la destruction permanente de l’environnement causée par les activités humaines. »

« Le jury a applaudi le sujet brûlant de Zed Nelson et sa capacité à traduire des considérations environnementales complexes dans des histoires visuelles saisissantes.  The Anthropocene Illusion illustre un univers où les limites du réel et de l’artificiel deviennent floues, où le sauvage survit entre des clôtures bien maîtrisées, et où la nostalgie humaine de la nature s’exprime dans le spectacle plutôt que dans l’action. Le travail de Zed Nelson pousse le public à remettre en question son propre rôle dans ce paradoxe et à réfléchir aux conséquences d’une société qui s’éloigne de plus en plus du monde naturel. Cette série tombe à point nommé pour raconter une des histoires les plus importantes de notre époque  ; elle est plus importante aujourd’hui que jamais.  » explique Monica Allende, présidente du jury Professional 2025.

Une reconnaissance autour du globe 

Mais le jury de l’édition 2025, aussi doué avec les mots soit-il, ne s’est pas arrêté au seul travail de Zed Nelson. Les 10 catégories professionnelles récompensent des photographes partout autour du monde  : la catégorie Sport est remportée par l’italienne Chantal Pinzi pour Shred the Patriarchy ; l’allemand Peter Franc gagne avec Still Waiting pour la catégorie Nature morte ; Nicolás Garrido Hugue gagne depuis le Pérou avec Alquimia Textil pour la catégorie Environnement ; The Strata of Time de la japonaise Seido Kin rafle le lauréat pour les Paysages. 

La photojournaliste américaine Susan Meiselas reçoit le prestigieux prix Outstanding Contribution to Photography (Contribution exceptionnelle à la photographie). Côté français, les chauvins seront rassurés  : la catégorie Open est remportée par le Français Olivier Unia pour son travail sur la thématique Motion. Ce concours célèbre la force et le dynamisme d’une photo unique et non d’une série. L’artiste saisit le «  danger et l’excitation à l’instant où un cavalier est éjecté de sa monture lors d’une tbourida, un spectacle équestre traditionnel du Maroc  ». De quoi faire honneur à l’artiste française Juliette Pavy qui détenait depuis 2024 le titre de «  Photographe de l’année ».

Il déclare d’ailleurs  : «  Je suis très fier de recevoir le prix d’Open Photographer of the Year. Cela me donne confiance pour continuer à partager mon travail. J’ai envoyé à Tbourida La Chute une photo tirée d’un projet sur lequel je travaille depuis deux ans à propos de l’art équestre marocain appelé tbourida, et c’est une fierté pour moi de voir cette image reconnue.  »

Qolle Hands © Nicolás Garrido Huguet, Peru, Winner, Professional competition, Environment, Sony World Photography Awards 2025
Qolle Hands © Nicolás Garrido Huguet, Peru, Winner, Professional competition, Environment, Sony World Photography Awards 2025

La jeunesse et la photographie 

Avec les concours Student et Youth, les Sony Awards récompensent aussi les jeunes et étudiants. Si les derniers n’avaient pas de thématique imposée, les premiers en avaient une  : In the Beginning (Au commencement). L’édition 2025 du concours Student est remportée par Micaela Valdivia Medina (Pérou) de l’Instituto Profesional Arcos, au Chili. La série de l’étudiante se concentre sur les institutions pénitentiaires féminines du pays et la vie de ces femmes emprisonnées.  

« Faire partie des lauréats des Sony World Photography Awards est très important pour moi, mais aussi pour toutes les femmes avec lesquelles j’ai travaillé sur ce projet. Parler et photographier les espaces carcéraux n’est jamais facile, mais il est nécessaire de continuer à faire et à partager ces images. En tant qu’étudiante, j’apprécie cette opportunité et cette reconnaissance. Durant cette période où l’éducation à la photographie et à l’art recule, je pense essentiel que les étudiants, les professeurs et les photographes professionnels s’unissent pour la protéger  », réagit-elle à l’annonce de ce prix. 

Le concours Youth 2025 est cette fois-ci remporté par un jeune Taïwanais de 16 ans  ; avec son image d’un skateboarder en pleine figure acrobatique, dont la silhouette se découpe sur un coucher de soleil à Venice Beach, à Los Angeles. Daniel Dian-Ji Wu peut être fier. Et le jeune homme de déclarer  : «  La photographie est un élément important dans ma vie depuis sept ans. Cette récompense a donc une grande signification pour moi, pas seulement pour la reconnaissance, mais pour me rappeler pourquoi j’aime ce que je fais. Cela m’ouvre des portes vers des opportunités et des connexions nouvelles et donne un nouveau sens à mon parcours futur ». 

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