Une rétrospective dévoile pour la première fois l’oeuvre expressionniste de Gabriele Münter
Représentante de l’expressionnisme allemand, Gabriele Münter (1877-1962) a touché à la photographie, l’illustration, la gravure et la broderie avant de se consacrer pleinement à la peinture. Co-fondatrice du Cavalier Bleu aux côtés de son compagnon Vassily Kandinsky, elle joue tantôt sur les cadrages et la simplification des formes, tout en défendant une palette intense aux […]

Représentante de l’expressionnisme allemand, Gabriele Münter (1877-1962) a touché à la photographie, l’illustration, la gravure et la broderie avant de se consacrer pleinement à la peinture. Co-fondatrice du Cavalier Bleu aux côtés de son compagnon Vassily Kandinsky, elle joue tantôt sur les cadrages et la simplification des formes, tout en défendant une palette intense aux résonnances symboliques. Jusqu’au 24 août 2025, le musée d’Art moderne de Paris lui consacre sa première rétrospective française, et il était temps.
Lumière sur une expressionniste
Son nom demeure inconnu du grand public : l’artiste allemande Gabriele Münter (1877-1962) est pourtant une figure majeure du cercle munichois du Cavalier Bleu, rassemblant les expressionnistes Vassily Kandinsky, Marianne von Werefkin ou Franz Marc. Comme bon nombre de femmes, elle était jusqu’ici associée à l’un de ses compagnons, le peintre Kandinsky. Avec cette première rétrospective française, le musée d’Art moderne dévoile pourtant la personnalité, l’inventivité et la diversité de son oeuvre, formée durant six décennies. Quelques précisions biographiques, notamment sur sa jeunesse, auraient toutefois été bienvenues pour mieux cerner l’évolution de l’artiste.
Poétique de la palette
L’exposition s’ouvre sur les différentes pratiques par lesquelles Gabriele Münter s’est ouverte à l’art : photographe lors de ses voyages des années 1900, elle noircit aussi de nombreux carnets de dessins, puis s’essaye à la gravure et à la broderie de perles. Dès lors, elle travaille un style bien à elle, jouant sur les cadrages, les angles de prise de vue, les contrastes, le cerne noir et la simplification des formes. Lors de son séjour parisien en 1906 et 1907, elle découvre ensuite les avant-gardes et commence à peindre quelques portraits aux couleurs vives.
Une grande salle dévoile un ensemble de peintures emblématiques de la période expressionniste. On relève notamment Paysage avec cabane au couchant pour son atmosphère chaude, mêlant le rougeoiement des mottes de foin, le bleuté des collines et le rose du ciel. Certaines toiles, comme La Maison jaune, indiquent dans le titre même le sujet de l’oeuvre, matérialisé par le surgissement d’une couleur criarde qui devient signifiante. D’autres font apparaître les influences de la photographie, telle Nature morte aux œufs de Pâques avec sa vue audacieuse en plongée.
Renouvellements
Si cette rétrospective laisse une grande place à la période expressionniste – à juste titre -, elle met aussi en lumière les renouvellements de l’artiste et la diversité de son oeuvre. Celle-ci s’inspire notamment de l’art vernaculaire, s’inspire de dessins d’enfants, peint de tant à autres ses meubles et ses cadres. Plus tard, dans les années 1920, elle se rapproche de la Nouvelle Objectivité en s’intéressant davantage au dessin et à la figure humaine.
À cette période, ses toiles assument davantage leur dimension psychologique, à l’instar de La Penseuse ou même de Chemin noir dans lequel les quelques silhouettes lointaines renforcent l’atmosphère inquiétante du paysage. La couleur est alors une nouvelle fois convoquée pour faire ressortir un élément particulier du tableau – lac, maison, chemin – et le révéler comme symbole.
Romane Fraysse
Gabriele Münter. Peindre sans détours
Musée d’Art moderne de Paris
11 avenue du Président Wilson, 75116 Paris
Jusqu’au 24 août 2025
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Image à la une : Gabriele Münter, Penseuse, 1917 – © Adagp, Paris, 2025