New York : un magnifique appartement historique au décor singulier et éclectique

À New York, dans un immeuble historique de Harlem, Alan Eckstein, le fondateur de la galerie de design vintage Somerset House, a composé avec la matière pour transformer un appartement sans âme en intérieur singulier. Des objets de collection s’y prêtent à des mises en scène donnant à l’intime une nouvelle dimension.

May 14, 2025 - 14:28
 0
New York : un magnifique appartement historique au décor singulier et éclectique
Dans un coin de la chambre du couple, daybed conçu par le Studio POA, table basse de Roger Capron, applique vintage Lunel, œuvre de David Emerson et échelle dogon provenant du Mali.
Dans le séjour, table vintage en orme, chaises G-Plan, suspension de Florian Schulz, buffet de Studio POA. Fauteuils Multipla de Jane Dillon et Peter Wheeler pour Kron. Lampadaire en aluminium vintage. Au mur, œuvre de Peter Stroud.

Comme souvent à New York, l’immeuble découvert par un couple d’esthètes dans le quartier de Harlem, au cours de ses recherches d’appartement, arborait une façade de caractère. L’architecture de style Beaux-Arts, datant des années 1920, s’accompagnait d’un élégant travail de la pierre. En revanche, suite à des rénovations, l’intérieur de quelque 150 m², articulé sur deux étages, était dépourvu de détails d’époque. Une grande fenêtre dans le séjour donnant sur la 5th Avenue convainc néanmoins les visiteurs de l’acquérir. Ils confient à la Somerset House le soin de personnaliser les lieux grâce à sa collection de pièces vintage très pointue, dont le public peut avoir un aperçu dans une galerie aménagée par Alan Eckstein, à Long Island City, dans le Queens.

Alan Eckstein, fondateur de la Somerset House. Chaise de Paolo Buffa et, au mur, sculpture en acier de Marsha Lega.

Exploiter les qualités de la pièce côté rue s’impose d’emblée pour le designer. Son volume et la lumière qui y pénètre abondamment autorisent toutes les audaces. Pour donner un peu d’épaisseur à cet intérieur très lisse, il jette son dévolu sur le bois.

« Le bois apporte une chaleur et une texture inégalables à un décor. Il nous a permis d’habiller l’espace avec caractère tout en y maintenant un équilibre naturel. Sa présence dans ce projet était fondamentale. Nous avons donc déployé cet élément dans l’appartement », raconte-t-il. Fort de cette vision, il s’allie à Giovanni Valdeavellano, du Studio POA, pour concevoir un mobilier sur mesure qui vient modeler plusieurs pièces et offrir un espace de rangement appréciable dans un vieil immeuble. Un buffet en acajou, inspiré du travail de l’architecte Edward Richard Lind, traverse aujourd’hui un mur du salon, au ras-du-sol. Le papier shoji posé sur ses portes s’inscrit dans un jeu de textures qui gagnera tout le décor. L’éclairage sert, quant à lui, à rehausser différents points dans l’aire ouverte où des pièces de collection affirment leur présence avec style. Une grande lanterne Akari d’Isamu Noguchi est assortie de luminaires dont la silhouette se détache comme celles de sculptures en suspension. Enfin, la fenêtre est dotée de persiennes en bois qui s’harmonisent à la palette brune déclinée dans l’appartement.

Dans la chambre, bureau de Gio Ponti, chaise de Pierre Jeanneret et lampe de Kai Ruokonen pour Orno Oy. Au mur, étagères danoises vintage et tapisserie des année 1970.
Tête de lit conçue par la Somerset House et recouverte d’un mohair chocolat, table de nuit vintage italienne des années 1960 et applique de Vittoriano Vigano pour Arteluce.

La chambre du couple, au niveau du jardin, sert de champ libre à la créativité d’Alan. Il dessine une tête de lit au bord sinueux dans un mohair chocolat, et peint ce côté de la pièce dans un bleu nuit profond. Secondé par son complice Giovanni Valdeavellano, il garnit de panneaux en acajou les murs en regard de celui-ci, et crée ainsi un intérieur enveloppant. Il peaufine son projet au moyen d’un daybed dont la base permet d’intégrer des tiroirs de rangement. « Je souhaitais que cette chambre offre aux propriétaires un endroit où ils pourraient se reposer ou lire, et qui, au contraire d’une chaise ou d’un fauteuil, aurait pu être là depuis longtemps », souligne le designer.

Çà et là, des recoins sont définis au moyen du mobilier et d’accessoires comme autant de scènes témoignant de la passion des maîtres de maison pour les pièces rares issues du passé. Des paravents de collection structurent ces sous-espaces qui entremêlent les époques et les influences avec goût. « Nous aimons beaucoup utiliser les paravents dans nos projets, car ils amènent une texture supplémentaire aux pièces dans lesquelles ils prennent place. Ils permettent aussi de prolonger un mur. Celui que nous avons choisi pour le salon date des années 1930. Le travail du bois et sa partie supérieure en forme de coquillage y sont remarquables », relève Alan.

L’éclectisme affectionné par le créateur de la Somerset House a apporté dans ce décor d’esthète des objets venus d’Afrique, parmi lesquels on peut notamment distinguer une vieille échelle dogon en bois brut en provenance du Mali. Des pièces qui peuvent se lire comme des invitations à découvrir l’immense richesse culturelle de ce nouvel environnement et de ses habitants.

Devant un paravent de Pierre Jeanneret, tabouret en provenance de la tribu Senufo en Afrique de l’Ouest, fauteuil de Milo Baughman pour Thayer Coggin, lampadaire d’Isamu Noguchi, Vitra, et œuvres de Joe Henry Baker.