Marrakech : la maison de famille intime et chaleureuse de Sarah Poniatowski

C’est à Marrakech, sa ville de cœur, que Sarah Poniatowski, architecte d’intérieur et fondatrice de la marque Maison Sarah Lavoine, a imaginé un de ses projets les plus intimes. Une maison pensée pour rassembler, rendre hommage à sa filiation et célébrer la finesse de l’artisanat marocain.

Apr 17, 2025 - 11:10
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Marrakech : la maison de famille intime et chaleureuse de Sarah Poniatowski

On ne présente plus Sarah Poniatowski, à la tête de son studio d’architecture depuis plus de vingt ans et de la marque à l’éminente success story Maison Sarah Lavoine. Si elle a pour habitude de se projeter dans les récits des autres, pour réaliser des lieux « bienveillants et rassembleurs, à l’élégance simple », comme elle aime les décrire, cette maison infiniment personnelle fait écho à son histoire, à son héritage. Conçue comme un ancrage, elle reflète une affirmation juste et sincère de ses goûts et de ses influences.

Une grande cheminée en tadelakt impose son style tout en sobriété dans le salon. De part et d’autre, des appliques en terre Kim & Garo, devant un daybed de Charlotte Perriand chiné à la Galerie Pradier-Jeauneau. Les canapés, les coussins et les photophores sont signés Maison Sarah Lavoine.

Sarah Poniatowski découvre le Maroc grâce à son père, avec lequel elle passe beaucoup de temps enfant à explorer le pays. Plus particulièrement Marrakech, alors fréquentée et adulée par les artistes, couturiers, photographes, décorateurs, musiciens… pour qui la ville rouge est une source d’inspiration infinie. Si l’aura de cette cité impériale a marqué son enfance, ses couleurs, ses odeurs, ses habitants et sa lumière imprègneront définitivement la femme et l’architecte d’intérieur. Après avoir visité différents biens à vendre à Marrakech, Sarah Poniatowski décide finalement d’acquérir un terrain avec une vue époustouflante sur l’Atlas et d’y faire construire la maison de ses rêves. Une maison comme une trame, un relais, une manière de perpétuer l’amour du Maroc légué par son père, transmis à son tour à ses enfants. Une maison pensée pour réunir la famille et les amis. « J’aime les lieux qui rassemblent, où toutes les générations se mélangent. Une maison prend tout son sens lorsqu’elle est remplie des gens qu’on aime », s’enthousiasme-t-elle.

Une salle de bains épurée avec un damier en zelliges au sol dans des tons naturels s’harmonise avec des murs sobres en tadelakt crème qui mettent en valeur des poteries marocaines chinées.
Installée dans un fauteuil vintage Locus Solus signé Gae Aulenti, Sarah Poniatowski admire la vue sur le jardin et l’Atlas.

Pour donner naissance à cette grande bâtisse, Sarah Poniatowski s’entoure d’Harold et Louise Pecout, fondateurs de EH Atelier d’Architectures, avec qui elle travaille main dans la main pendant dix-huit mois. Un lieu inspiré des kasbahs traditionnelles, ces grandes maisons en terre jalonnant le territoire marocain. Des beautés architecturales célébrées par le peintre Jacques Majorelle dès les années 1930. Le défi était ici de « trouver le juste équilibre entre une inspiration traditionnelle et le confort contemporain, avec des matériaux revisités dans des codes plus actuels et personnels », explique Sarah Poniatowski, qui tenait à ce que la maison se fonde dans l’environnement, afin d’avoir un sentiment d’appartenance immédiat. À l’instar de ses murs en pisé, mode de construction traditionnel à la terre crue. Un exercice pas si évident lorsque l’on part d’une toile vierge. Mais pour celle qui compte à son palmarès des réalisations aussi différentes que le siège de L’Oréal Luxe, Seine 62, les cafés Joyeux ou des résidences privées partout en France, ce projet fut une réelle exaltation.

Les chambres de la maison ont chacune leur identité propre et leur couleur dédiée. Comme ici avec un tadelakt vert et un plafond en tataoui. Sur le bureau, lampe Claude signée Maison Sarah Lavoine, chaise Midi. Dans les niches, mélange de poteries de Tamegroute, vases chinés, livres personnels et pièces Maison Sarah Lavoine. 

La vue sur l’Atlas, depuis toutes les pièces de la maison, donne l’impulsion. « Dès l’entrée, vous êtes immédiatement happés par cette montagne, la maison se découvre dans un second temps », explique la maîtresse des lieux. Une grande importance est portée à la couleur des murs extérieurs. « Il fallait trouver une teinte qui ne soit ni trop rouge ni trop rose, mais un vrai terracotta très proche de la terre locale. La couleur fonctionne aussi bien avec ou sans soleil, elle dégage à la fois une certaine douceur et du caractère », précise l’architecte d’intérieur, connue pour son amour de la couleur et sa célèbre signature, le Bleu Sarah. Elle vient d’ailleurs de lancer dix nouvelles teintes exclusives pour les peintures Ressource, inspirées, pour beaucoup d’entre elles, de ses voyages au Maroc.

Les volumes sont ici rythmés par des moucharabiehs graphiques. « Ils permettent à l’œil de voyager grâce aux belles ombres portées, et signent l’architecture de la maison. » Les intérieurs célèbrent eux aussi, avec sobriété, l’artisanat marocain grâce à des sols en zellige, des plafonds en tataoui, des murs en tadelakt, des tables en zéolithe, des appliques en terre… autant d’intentions décoratives imaginées et dessinées par Sarah Poniatowski, enthousiasmée tout au long du projet par la virtuosité des artisans locaux. « Je voulais également retrouver dans la maison des éléments que j’avais connus dans ma maison d’enfance chez mon père, comme par exemple des cheminées d’angle dans chaque chambre ou des volets traditionnels à l’image de ceux que l’on trouve dans les fermes locales », poursuit-elle. Si les pièces de vie demeurent sobres et douces, notamment grâce aux teintes neutres et aux lignes incurvées, « chaque chambre a son caractère, sa propre identité et sa couleur dédiée, du rose au jaune en passant par le vert », précise-t-elle.

La décoration reflète le goût de Sarah Poniatowski pour le métissage. Ici, du mobilier en rotin Midi et des rideaux brodés Kim & Garo côtoient des pièces de mobilier Maison Sarah Lavoine. 

Pour la décoration, Sarah Poniatowski a orchestré un mélange d’inspirations et d’objets de provenances diverses. Des pièces Maison Sarah Lavoine — sa marque de décoration et de lifestyle créée en 2012, qui compte aujourd’hui 21 boutiques — côtoient du mobilier vintage italien, dont l’iconique salon d’extérieur Locus Solus signé Gae Aulenti, des luminaires, du mobilier et des accessoires en rotin, des poteries marocaines, un coffre de mariage berbère… Un décor en adéquation avec le goût de Sarah Poniatowski pour le métissage et l’intemporalité. Cette écriture reconnaissable, volontairement chaleureuse et familière, ponctuée de couleurs franches et d’associations de matières, a fait son succès et sa singularité. Elle est distillée dans tous ses projets, dont ceux en cours : le siège social de Covivio, des hôtels sur l’île Seguin et à Bruxelles, un restaurant à Zurich, des résidences privées, au Cap-Ferret et à Paris, sans oublier ses nouvelles collections maison et de prêt-à-porter. Créer des intérieurs et des espaces de vie célébrant le partage, la sérénité et l’harmonie est pour Sarah Poniatowski un engagement inflexible. Un leitmotiv également appliqué à son ancrage marocain. « C’est une maison dont j’ai rêvé pendant des mois. Je suis heureuse du résultat car il y a cet équilibre que je recherchais entre le charme, l’identité et le bien-être, comme si elle avait tout de suite eu une âme », conclut-elle.

Dans la pool house à l’ambiance tamisée par un moucharabieh en brique, des luminaires Maison Sarah Lavoine dialoguent avec un miroir chiné et des coussins en lin Haomy.