Des personnages qui sortent des murs, des poèmes dans la pierre… Voici les murs les plus insolites de Paris

Paris regorge de surprises, et ses murs en font partie ! Qu’ils soient chargés d’histoire ou transformés en terrain de jeu pour les artistes, certains valent le détour. Alors en arpentant les rues de Paris, ouvrez l’œil car vous pourriez tomber sur l’un de ces murs surprenants ! En attendant, voici une sélection des plus […]

Apr 1, 2025 - 17:16
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Des personnages qui sortent des murs, des poèmes dans la pierre… Voici les murs les plus insolites de Paris

Paris regorge de surprises, et ses murs en font partie ! Qu’ils soient chargés d’histoire ou transformés en terrain de jeu pour les artistes, certains valent le détour. Alors en arpentant les rues de Paris, ouvrez l’œil car vous pourriez tomber sur l’un de ces murs surprenants ! En attendant, voici une sélection des plus insolites.

1. Fresque Le Bateau Ivre

Mur Le bateau ivre - © Adobe Stock
Mur Le bateau ivre – © Adobe Stock

Dans le 6e arrondissement, rue Férou, un mur long de 300m² s’est transformé en une immense page de poésie. En s’en approchant, on y découvre, gravés directement dans la pierre, les cent vers du célèbre poème Le Bateau ivre d’Arthur Rimbaud. C’est l’artiste hollandais Jan Willems Bruins qui les calligraphie à la main en 2012. Inaugurée le 14 juin 2012 à l’occasion du 30e Marché de la Poésie, l’œuvre murale a été réalisée à l’initiative de la fondation néerlandaise Tegen Beeld et de l’association internationale les Amis de Rimbaud, avec le soutien financier de l’ambassade des Pays-Bas et de plus de 200 particuliers.  Et placés sur le mur de la Direction générale des Impôts, les mots de Rimbaud -poète connu pour son côté rebelle- semblent moqueurs. Pourquoi avoir choisi ce lieu ? Car c’est à deux pas de là que le jeune poète alors âgé de 17 ans, déclame son poème pour la première fois, dans un restaurant désormais disparu de la place Saint-Sulpice.

4 rue Férou, 75 006 Paris

2. Le mur des je t’aime

Mur des je t'aime - © Adobe Stock
Mur des je t’aime – © Adobe Stock

Place des Abbesses, à Montmartre, on dit l’amour en… 250 langues ! Sur 40m², cette œuvre murale composée de 612 carreaux de lave émaillée est un véritable hymne à l’amour érigé dans le jardin romantique du square Jehan Rictus. Imaginée par Frédéric Baron, Claire Kito, et Daniel Boulogne, la fresque reproduit 311 “je t’aime” dans des langues courantes et des dialectes rares, et est devenue un site incontournable à Montmartre. Mais saviez-vous que les éclats de couleurs rouge répartis sur la fresque forment un cœur une fois assemblés ? C’est certainement le mur le plus romantique de Paris.

14 Pl. des Abbesses, 75 018 Paris

3. Le Passe-Muraille

Le Passe-Muraille © Kiev.Victor / Shutterstock
Le Passe-Muraille © Kiev.Victor / Shutterstock

Sur la butte de Montmartre, un étrange personnage s’amuse à défier les lois de la physique depuis plus de 70 ans. Il s’agit du Passe-Muraille : installée sur la place Marcel Aymé, c’est l’une des statues les plus surprenantes de la capitale. Ce personnage en bronze sort tout droit d’une nouvelle fantastique de Marcel Aymé publiée en 1943, qui raconte l’histoire de Dutilleul, un employé de bureau découvrant un beau jour qu’il a le pouvoir de traverser les murs ! Usant de ce pouvoir exceptionnel à tout va, il finit par se retrouver coincé à jamais dans un mur, tout près de son domicile à Montmartre. C’est Jean Marais, sculpteur et acteur qui décide de rendre hommage à son ami Marcel Aymé en réalisant cette sculpture en 1989, et en prêtant à monsieur Dutilleul les traits de l’écrivain. 

Place Marcel-Aymé (butte Montmartre), 75018 Paris

4. La rue Dénoyez et ses murs colorés

Rue Dénoyez © Rémy GROSDOIGT / Flickr
Rue Dénoyez © Rémy GROSDOIGT / Flickr

À deux pas du métro Belleville, plongez dans un véritable musée à ciel ouvert ! Ici, chaque mur est recouvert de fresques colorées, de collages et de graffitis qui évoluent au fil du temps. Parmi les nombreux espaces de street-art qu’abrite la capitale, la rue Dénoyez est un incontournable. Depuis les années 2000, ses murs sont un terrain de jeu idéal pour les street artistes qui y laissent libre court à leur créativité. Malgré une lutte acharnée avec la mairie, cet espace unique a su résister aux projets de réaménagements. Revenez plusieurs fois, vous n’y verrez jamais les mêmes œuvres : les façades se recouvrent sans cesse de nouvelles créations, donnant à la rue une énergie vibrante et en perpétuel mouvement.

5. Le mur des révolutions

Mur des révolutions, square Samuel de Champlain - © Adobe Stock
Mur des révolutions, square Samuel de Champlain – © Adobe Stock

Discrètement niché dans le square Samuel de Champlain, le long du cimetière du Père Lachaise, ce mur porte la mémoire d’un épisode sanglant de l’histoire de Paris. Sur sa surface, sculptée par Paul Moreau-Vauthier, on distingue des visages figés dans la détresse. Une femme au premier plan émerge d’un mur criblé de balles, en allégorie de la justice. Pour comprendre l’histoire de cet œuvre, il faut revenir à un évènement marquant de  la Commune de Paris : le 27 mai 1871, après une ultime journée de lutte au cimetière du Père Lachaise, 147 Fédérés sont fusillés contre un mur et ensevelis dans une fosse commune. Ce mur, devenu à l’époque Mur des Fédérés, est resté un symbole fort de la répression sanglante subie par les insurgés. Mais celui qu’on peut voir aujourd’hui n’est pas celui de l’époque : le mur a été reconstruit à l’extérieur de l’enceinte du cimetière, et sert de support à la sculpture commémorative de Paul Moreau-Vauthier. D’ailleurs, le monument, intitulé Aux Victimes des Révolutions ne célèbre pas seulement les Fédérés, mais toutes les victimes des luttes révolutionnaires. Commandé en 1907 par le Conseil municipal de Paris, il entend réconcilier tous les morts de la Commune, soit les 30 000 Parisiens et une centaine de Versaillais tués dans les combats. Une citation de Victor Hugo, gravée dans la pierre, rappelle l’esprit de réconciliation : « Ce que nous demandons à l’avenir, ce que nous voulons de lui, c’est la justice et ce n’est pas la vengeance. » Finalement, le monument ne fut jamais officiellement inauguré, car il était au cœur d’un débat politique trop polémique. On raconte même que certaines pierres du véritable Mur des Fédérés y auraient été intégrées, portant encore les impacts des balles. Mythe ou réalité ? Le mystère demeure.

18 Avenue Gambetta, 75 020 Paris

6. Le mur-sculpture de Félix Roulin

 

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Méconnue de tous, cette œuvre surprenante se cache dans l’obscurité d’un passage discret de la rue Quincampoix. Une fois dénichée, on y aperçoit ces fragments de corps qui émergent du mur : ils semblent presque vivants, moulés avec un réalisme troublant. Habitué à disséminer ses sculptures dans l’espace public, Félix Roulin, ambassadeur de l’art wallon, investit en 1979 ce passage menant au Centre Wallonie-Bruxelles pour y sculpter une œuvre intrigante. Ses réalisations, souvent composées de fragments de corps humains, s’inscrivent dans la tradition du surréalisme belge, provoquant surprise et interrogation chez ceux qui les croisent par hasard.

46 rue de Quincampoix, 75 004 Paris

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Le Passe-Muraille © Adobe Stock