American Psycho : beaucoup de fans n'ont toujours pas compris le film d'après la réalisatrice

La réalisatrice du film original Mary Harron rappelle l'intention satirique de son "American Psycho" avec Christian Bale.

Apr 17, 2025 - 12:52
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American Psycho : beaucoup de fans n'ont toujours pas compris le film d'après la réalisatrice

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Une satire masculine... prise au premier degré

Il y a 25 ans, Christian Bale crevait l'écran dans la peau de Patrick Bateman, le golden boy new-yorkais obsédé par les apparences. Un yuppie psychopathe, dont le vernis de perfection cachait une violence glaçante. Pour Mary Harron, la réalisatrice, ce film devenu culte, la popularité de Bateman chez certains hommes, notamment les "Wall Street bros", reste un mystère.

"Je suis toujours aussi interloquée. On ne pensait pas du tout que ce serait adopté par ce public," a-t-elle confié à Letterboxd Journal.

Le personnage, qui cumule argent, pouvoir et costards cintrés, est aujourd'hui largement partagé sur les réseaux sociaux, détourné sous forme de memes ou pris comme modèle de réussite toxique. Harron rappelle pourtant que Christian Bale le joue comme un homme ridicule, embarrassant, à mille lieues d'un héros à admirer. "Quand il parle de hip-hop en boîte, c'est tellement gênant. Il essaie d'être cool, mais c'est un raté."

Une lecture queer de la virilité alpha

Le malentendu vient sans doute d'une évidence que beaucoup refusent de voir : American Psycho était conçu comme une satire gay de la masculinité toxique. Le roman de Bret Easton Ellis, lui-même ouvertement homosexuel, explorait déjà les rituels homoérotiques entre hommes ultra-compétitifs : dans la finance, dans le sport, partout où le culte du corps et du statut devient obsession.

"Il y a quelque chose de très gay dans cette façon qu'ont les hommes de fétichiser leur apparence, leur musculature, leur domination sociale", développe Harron. Son film, loin de glorifier ce mode de vie, le désosse avec une ironie glacée. Patrick Bateman n'est pas un modèle, c'est un produit d'une société prédatrice qui, selon Harron, n'a fait qu'empirer depuis : "Les riches sont plus riches, les pauvres plus pauvres."

Alors qu'une nouvelle adaptation du roman est en préparation, avec Luca Guadagnino à la réalisation et possiblement Austin Butler dans le rôle principal, la réalisatrice rappelle une chose : Bateman est un monstre. Mais un monstre au reflet troublant, parce qu'il se pare des attributs les plus désirables de notre culture.