16 millions d’euros pour sauver cet ovni architectural devenu insalubre

Ils ont brillé dans Hunger Games, et dans des clips internationaux  comme celui de Rosé, star de la K-pop.. Mais hors des caméras, les Espaces d’Abraxas tombent en désuétude. Érigé comme une utopie architecturale en 1983 à Noisy-le-Grand, cet ensemble post-moderniste oscille désormais entre insalubrité et paupérisation. Aujourd’hui, un vaste chantier de réhabilitation est lancé pour […]

Apr 27, 2025 - 14:02
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16 millions d’euros pour sauver cet ovni architectural devenu insalubre

Ils ont brillé dans Hunger Games, et dans des clips internationaux  comme celui de Rosé, star de la K-pop.. Mais hors des caméras, les Espaces d’Abraxas tombent en désuétude. Érigé comme une utopie architecturale en 1983 à Noisy-le-Grand, cet ensemble post-moderniste oscille désormais entre insalubrité et paupérisation. Aujourd’hui, un vaste chantier de réhabilitation est lancé pour tenter de redonner une second souffle à cet espace emblématique à l’architecture si singulière.

Une utopie vite écourtée, tombée dans l’insalubrité

Espaces d'Abraxas - © Adobe Stock
Espaces d’Abraxas – © Adobe Stock

Ricardo Bofill les avait rêvés comme une utopie urbaine, une alternative à la grisaille des barres HLM qui poussaient en masse, quelque chose de plus humain. Pour l’architecte catalan, il s’agissait de créer quelque chose de convivial, de montrer que les bâtiments populaires ne devaient pas nécessairement êtres laids :   « Ce que je veux, ici, c’est une vie urbaine. C’est trouver la qualité de la vie urbaine. C’est l’entrée de la ville nouvelle, c’est la porte de la ville nouvelle. », expliquait-il. L’ensemble, inspiré du néo-classicisme du XVIIIe, se démarque nettement par ses colonnes doriques, ses pilastres, ses arches et ses frontons triangulaires.  Trois bâtiments le composent : le Palacio (où se trouvent les logements sociaux), le Théâtre (dont la structure en demi-cercle évoque les théâtres antiques) et l’Arc. Mais trop froid, trop enfermant, à l’aspect hostile : on lui flanque le surnom d’Alcatraz. Si son architecture unique suscite des débats, elle lui vaut aussi le prestige de briller dans des films à renommée internationale comme Hunger Games, ou Brazil de Terry Gilliam, ainsi que dans de nombreux clips. Mais hors des caméras, le lieu tombe en désuétude au fil des années, et le rêve de Bofill s’effrite. La fracture entre logements sociaux et logements privés s’installe, les commerces au rez-de-chaussée ferment et sont condamnés pour éviter les squats, l’insécurité croît et les murs se délabrent… 40 ans plus tard, l’utopie a mal vieilli et la paupérisation s’installe, mettant un terme à l’initiale mixité sociale. 

Une réhabilitation à hauteur de 16 millions d’euros

Espaces d'Abraxas - © Adobe Stock
Espaces d’Abraxas – © Adobe Stock

Après avoir été menacé de destruction en 2006, l’ensemble est désormais en pleine réhabilitation. Depuis 2015, la municipalité a lancé une série d’aménagements des Abraxas, avec centre socio-culturel, et parc pour enfants. Maintenant, place à la réhabilitation du Palacio, le plus grand bâtiment des Abraxas. Un gros bunker de 18 étages, 4 cages d’escaliers et environ 200 logements par cage. Piloté par CDC Habitat île-de-France, le chantier de 16 millions d’euros prévoit le rafraîchissement des façades, la mise aux normes des installations de plomberie et de ventilation, le remplacement des ascenseurs (fréquemment en panne), et l’amélioration de l’isolation thermique… Tout cela, sans toucher à l’architecture unique de Bofill. La fin des chantiers, prévue pour 2027, devrait signer une ère de renouveau pour les Espaces d’Abraxas. 

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Image à la une : 
Espace des Abraxas, © Adobe Stock