Saviez-vous que le Grand Palais a frôlé plusieurs fois la destruction au cours du XXe siècle ?
Construit à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, le Grand Palais est, contrairement à beaucoup d’autres édifices éphémères, pensé depuis toujours pour durer. Le projet est même lancé en 1894, à travers un important concours d’idées dans l’optique de l’Exposition Universelle. Un monument rapidement incontournable à Paris Celui-ci fait notamment émerger l’idée de construire deux […]

Construit à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900, le Grand Palais est, contrairement à beaucoup d’autres édifices éphémères, pensé depuis toujours pour durer. Le projet est même lancé en 1894, à travers un important concours d’idées dans l’optique de l’Exposition Universelle.
Un monument rapidement incontournable à Paris
Celui-ci fait notamment émerger l’idée de construire deux palais de part et d’autres d’une avenue menant aux Invalides par l’intermédiaire d’un pont. Une vision qui s’inscrit dans un plus large projet de construction d’un nouveau quartier, en face des Invalides, et qui donnera notamment naissance au majestueux pont Alexandre III, dédié à l’alliance franco-russe. Concernant le Grand Palais, suite à un concours d’architectes lancé en 1896 sans projet-phare, on décide alors de faire du monument une œuvre collective. C’est à l’architecte Henri Deglane que revient la construction de la façade principale et de la nef, tandis que la partie intermédiaire, l’escalier et le salon d’honneur sont à la charge d’Albert Louvet. De son côté, l’architecte Albert Thomas œuvre à établir la partie postérieure, correspondant à l’actuel Palais de la découverte. Le tout sous la supervision de Charles Girault, qui se voit confier la responsabilité de coordonner l’ensemble du projet. Si l’Exposition universelle est inaugurée le 14 avril 1900, il faut attendre quelques jours, plus précisément le 16 mai, pour voir le Grand Palais ouvrir ses portes au public. Et tout comme la Tour Eiffel quelques années plus tôt, cette nouvelle “attraction” est un véritable succès. Le Grand Palais et sa nef émerveillent et l’exposition attire 51 millions de visiteurs, soit 21 millions de plus que pour l’édition de 1889 qui dévoila la tour Eiffel. Venu remplacer le palais de l’Industrie, construit pour l’Exposition universelle de 1885 mais jugé trop massif et empêchant la construction de la nouvelle avenue, le Grand Palais est un monument qui fascine depuis toujours… Il faut dire que la presse a suivi de près l’avancement du chantier qui a marqué par sa modernité et sa grandeur, à l’image de l’utilisation de grues géantes, de ponts roulants ou encore des 1 500 ouvriers mobilisés. Et si les progrès techniques permettent de faciliter certaines manœuvres, on fait même appel à la force animale, notamment pour acheminer les pierres de la Seine au chantier.
Un site loin d’être épargné par les horreurs de la guerre
Une fois l’Exposition universelle terminée, le Grand Palais accueille de nombreux grands événements qui s’inscrivent dans la vie culturelle et économique de la capitale, comme le Salon de l’automobile, du cycle et des sports, le Salon de l’aviation ou encore des concours hippiques qui se déroulent dans la grande nef du bâtiment. Mais cette euphorie est brutalement interrompue par un événement à la dimension planétaire : la Première Guerre mondiale. D’emblée, le Grand Palais est réquisitionné par l’armée et devient un casernement militaire, un lieu de rassemblement et même un dépôt d’armes. Mais avec l’augmentation des pertes humaines, l’afflux de blessés et la destruction des hôpitaux des zones de combat, le moindre local est récupéré et transformé en hôpital de fortune. C’est le cas du Grand Palais, qui ouvre alors ses portes aux blessés de guerre. Nettoyé, désinfecté et cloisonné à certains endroits,le site autrefois utilisé pour les prestigieux salons voit désormais déambuler blessés et effectifs médicaux. Un service de rééducation se développe également au sein du Grand Palais, au même titre qu’une école de rééducation professionnelle pour les soldats mutilés. Toute trace de ce chapitre est effacée après la fermeture de l’hôpital militaire du Grand Palais en juin 1919… qui demeure toutefois moins violent que celui du monument durant la Seconde Guerre mondiale. Le 23 août 1944, des échanges de tirs entre policiers résistants et soldats allemands déclenchent un incendie qui ravage le Grand Palais. Si une unité de pompiers tente d’intervenir pour éteindre le feu, ils ne peuvent rien faire à cause de soldats allemands venus percer les tuyaux des lances. Bilan du drame : la structure métallique de la nef est endommagée et trois policiers sont tués pendant l’assaut.
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Le Corbusier, une vision de l’urbanisme dangereuse pour le Grand Palais
Rescapé de deux guerres mondiales, le Grand Palais pense être définitivement tranquille… Et pourtant, le monument échappe à nouveau à la destruction dans les années 1960. Alors ministre chargé des Affaires culturelles, André Malraux confie à l’architecte et urbaniste Le Corbusier l’élaboration d’un projet de musée du XXe siècle… qui nécessite la destruction de l’édifice imaginé pour l’Exposition Universelle six décennies plus tôt. Si, au départ, le futur complexe est pensé pour prendre place dans le secteur de la Défense, Le Corbusier, qui n’est pas passé loin de profondément transformer le visage de Paris, souhaite l’implanter à l’endroit même du Grand Palais. En plus des nombreuses critiques face à une telle idée, la mort de l’architecte en 1965 vient définitivement enterrer le projet. La dernière frayeur d’un monument qui est finalement classé monument historique en 1975, avant que le reste du bâtiment ne le soit en 2000. Après une importante période de fermeture pour travaux dès 2021, le Grand Palais a retrouvé toute sa splendeur à l’occasion d’un événement mondial, tout comme l’Exposition Universelle 120 ans plus tôt : les Jeux Olympiques de Paris 2024. Parmi les grands moments de la plus prestigieuse compétition sportive, le site a notamment été le théâtre des épreuves d’escrime et de taekwondo. De quoi rappeler le fonction première de cet édifice emblématique du paysage parisien : rassembler et émerveiller.
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Image à la une : Grand Palais © Adobe Stock