Milan Design Week 2025 : Range Rover dévoile une scénographie vintage et immersive

Richard Stevens, vous qui avez travaillé dans de nombreux secteurs — la mode, le design d’objets, le mobilier —, qu’y a-t-il de particulièrement inspirant ou excitant dans votre rôle de Brand Design Director dans le domaine de l’automobile, chez Range Rover en l’occurence ?

J’ai commencé mon parcours dans le design automobile, avant en effet de faire quasiment un cercle complet avec tous les domaines. Ce qui me passionne le plus dans mon rôle actuel, avec Range Rover mais aussi les autres marques du groupe, c’est d’avoir l’opportunité de travailler avec une équipe créative composée de 900 personnes et de réfléchir à la manière dont nous pouvons concevoir des expériences totales, pas uniquement des voitures. Il faut une approche un peu différente du design.

Que représente la marque Range Rover pour vous ?

J’ai une relation assez personnelle et une connexion émotionnelle avec Range Rover. Mon grand-père possédait l’un des premiers modèles dans les années 1970. Aujourd’hui, nous sommes gardiens de l’une des marques britanniques les plus précieuses. Sans pour autant que ce soit la plus chère d’ailleurs, ce qui me plaît. Range Rover n’est pas la marque la plus ostentatoire en termes de luxe mais elle est, incontestablement, la reine discrète de la mobilité.

Comment parvenez-vous à trouver l’équilibre entre vos désirs de designer et, justement, l’intemporalité de la marque, qui vous oblige ?

L’équilibre entre mes désirs personnels et la responsabilité de concevoir l’avenir de Range Rover a à voir avec l’évolution de la marque. La plupart des marques et des voitures changent, Range Rover a évolué vers plus de raffinement et de pureté. C’est intéressant de penser à ce que sera l’avenir dans un monde où les gens sont toujours à la quête de nouveauté. Pour nous, il s’agit plutôt de rendre l’expérience Range Rover encore meilleure, jusqu’à arriver à une forme de justesse incontestable. C’est un défi du point de vue du design, une réinvention et une amélioration en douceur. Il faut trouver l’équilibre entre émotion et raison, concevoir de façon réfléchie, mesurée et discrète. Nous voulons que nos voitures soient des sortes de sanctuaires calmes. Que nos utilisateurs ressentent que l’expérience est haut de gamme, sans qu’il faille l’afficher ostensiblement.

À l’heure où l’écologie devient une valeur centrale voire vitale dans nos sociétés, comment percevez-vous l’idée de continuer à faire des voitures des produits désirables ?

C’est une question difficile pour toute entreprise qui fabrique des objets en métal, a besoin de batteries ou de carburant pour fonctionner. Ce que nous pouvons, nous, faire de plus responsable, c’est créer des objets intemporels avec une grande longévité. Et, plus vous façonnez l’expérience et les produits pour qu’ils résistent à l’épreuve du temps, plus ils resteront pertinents. Il n’est pas nécessaire de changer constamment. Je pense que nous devons tenir compte de la manière dont nous envisageons l’avenir de la mobilité sous le prisme de l’écologie et du respect de l’environnement, mais la meilleure chose que nous puissions faire du point de vue du design, c’est de créer des designs intemporels.

L’installation que vous présentez pendant la Milan Design Week, « Futurespective: Connected Worlds », créé un pont entre les années 1970, donc les débuts de Range Rover, et le présent avec la dernière née de la marque. Concrètement, quels éléments de connexion entre les deux périodes retrouve-t-on ici ?

On parle de trois lignes qui caractérisent chaque Range Rover. La ligne de toit flottante, la ligne de taille très marquée qui court horizontalement sur toute la voiture, et la ligne de bas de caisse qui monte au niveau des roues. Il faut imaginer que ces trois lignes convergent toutes vers un point à l’arrière du véhicule. Et l’on retrouve ces caractéristiques aussi bien sur la voiture des années 1970 que sur la dernière version. À l’intérieur, il y a depuis toujours l’idée d’être en hauteur, surplombant les paysages, avec de grandes vitres. Ce qui est intéressant et que nous soulignons à l’occasion de cette Milan Design Week, c’est la façon dont le passé peut être présenté d’une manière qui semble très contemporaine, sans que ce soit trop nostalgique ou que l’on regrade trop en arrière. Il n’y a eu que cinq versions du Range Rover depuis 1972, c’est donc une énorme responsabilité que de développer les prochaines.

On parle aujourd’hui beaucoup de quiet luxury. Avez-vous le sentiment de vous inscrire dans cette approche contemporaine du luxe ?

Selon moi, Range Rover correspond parfaitement à cette idée du luxe discret, du « If you know, you know « . Nous n’avons pas besoin de le crier haut et fort ou de trop le revendiquer. C’est juste une confiance discrète en notre marque. Déployée aussi dans notre installation. Nous ne sommes pas venus à Milan pour faire une déclaration bruyante mais plutôt pour énoncer notre implication et notre responsabilité dans le domaine du design. J’aime l’idée, dans cette scénographie que nous avons imaginée avec NUOVA, que l’on soit plongés dans une expérience sensorielle globale. Aussi bien le son, l’odeur avec le parfum aux notes de cuir spécialement créé pour l’occasion, les sensations au contact des cailloux au sol… C’est à la fois évocateur et pertinent, aussi bien dans l’espace symbolisant les années 1970 que celui d’aujourd’hui en 2025. Il est difficile de faire comprendre aux gens l’importance des éléments intangibles, mais ce sont eux qui forgent une vraie connexion émotionnelle, et nous devons absolument nous concentrer sur cela.

Cette année marque la première participation officielle de Range Rover pendant la Milan Design Week. Que représente cette grand-messe du design pour vous et pourquoi est-ce important, en tant que marque d’automobile a priori éloignée du sujet premier, d’affirmer votre contribution à l’événement ?

Parce que j’ai travaillé dans le design de mobilier et de produits, je sais l’importance de cette semaine. Pour Range Rover, c’est avant tout une question de leadership intellectuel, c’est une responsabilité au-delà du monde automobile de faire partie de la conversation. Nous sommes l’unes des plus grandes organisations de design européennes, nous nous devons d’être à l’avant-garde dans la compréhension du monde du design et de son avenir. Nous devons montrer qu’il faut aller au-delà de la simple production de produits, c’est une autre perspective et encore une fois, une certaine responsabilité.