Du temps où le 13e arrondissement de Paris était traversé par la rivière de la Bièvre

Le 13e arrondissement de Paris était autrefois traversé par une rivière, autour de laquelle se rassemblaient tanneurs, blanchisseurs et teinturiers. Enterrée sous les travaux du baron Haussmann, elle a aujourd’hui disparu du paysage bétonné. La Bièvre, un nom polysémique Difficile d’y croire aujourd’hui. Pourtant, autrefois, une rivière circulait en plein cœur du 13e arrondissement. Celle-ci […]

Apr 20, 2025 - 14:33
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Du temps où le 13e arrondissement de Paris était traversé par la rivière de la Bièvre

Le 13e arrondissement de Paris était autrefois traversé par une rivière, autour de laquelle se rassemblaient tanneurs, blanchisseurs et teinturiers. Enterrée sous les travaux du baron Haussmann, elle a aujourd’hui disparu du paysage bétonné.

La Bièvre, un nom polysémique

Difficile d’y croire aujourd’hui. Pourtant, autrefois, une rivière circulait en plein cœur du 13e arrondissement. Celle-ci était nommée “la Bièvre“, un terme tiré du latin beber qui signifie “castor”. En effet, selon certains historiens, l’environnement était peuplé à l’époque de nombreux castors, si bien que le blason de ce territoire parisien était lui-même illustré de la figure du rongeur. Cela dit, cette hypothèse reste douteuse. D’autres expliquent l’origine du nom par la double signification du terme beber, qui désigne aussi la couleur brune que pouvait avoir cette rivière au fond boueux.

La Bièvre, vue du boulevard d'Italie, vers 1862 - © Musée Carnavalet / Roger-Viollet
La Bièvre, vue du boulevard d’Italie, vers 1862 – © Musée Carnavalet / Roger-Viollet

De la glace pour l’été

Dans le 13e arrondissement, certains vestiges de la Bièvre sont encore identifiables. On peut notamment citer la rue de la Glacière, qui est aussi une station de métro. En effet, ce nom provient d’un ancien hameau qui s’étendait sur le territoire, à deux pas de la Butte aux Cailles. La rivière de la Bièvre traversait alors ses terres et stagnait durant un moment, si bien qu’elle gelait en hiver. Ainsi, cette eau glacée était récupérée par les riverains, conservée sous de la paille et utilisée au cours de l’été.

Tanneries au bord de la Bièvre, vers 1865 - © Charles Marville / Musée Carnavalet / Roger-Viollet
Tanneries au bord de la Bièvre, vers 1865 – © Charles Marville / Musée Carnavalet / Roger-Viollet

Disparue sous Haussmann

Comme de nombreux quartiers du Vieux-Paris, le 13e arrondissement n’a pas échappé aux grands travaux menés par le baron Haussmann. Au cours du XVIIIe siècle, les bords de la Bièvre ont été progressivement occupés par un ensemble de petits métiers nécessitant une proximité avec l’eau : aussi, teintureries, blanchisseries ou mégisseries s’installent au fil de l’eau, avant d’être remplacées par des entrepôts et des usines.

La couverture de la Bièvre - © Henri-Cimarosa Godefroy / Musée Carnavalet / Roger-Viollet
La couverture de la Bièvre – © Henri-Cimarosa Godefroy / Musée Carnavalet / Roger-Viollet

Au fil des décennies, les activités diverses et variées conduisent à la pollution des eaux de la Bièvre, qui devient une concentration de produits polluants, déchets et excréments. S’apparentant à un véritable égout, cette rivière pose des problématiques en termes de santé, à une époque où l’hygiénisme se développe en France. Aussi, en projetant de vastes transformations de la capitale, le baron Haussmann a l’objectif d’assainir ses différents quartiers, dont celui traversé par la rivière. Dès 1912, celle-ci est entièrement recouverte par du béton et ne sera jamais déterrée.

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Image à la une : La Bièvre – © Cinémathèque Robert-Lynen/Roger-Viollet