Susan Kare, celle qui a rendu l’informatique “humain”
Une main pour déplacer un élément, une poubelle pour jeter des fichiers, un pot de peinture pour colorier, le travail de Susan Kare représente, semblerait-il, le langage le plus universel que nous connaissions à l’heure actuelle : les icônes informatiques. […]

Une main pour déplacer un élément, une poubelle pour jeter des fichiers, un pot de peinture pour colorier, le travail de Susan Kare représente, semblerait-il, le langage le plus universel que nous connaissions à l’heure actuelle : les icônes informatiques. Au sein de l’enseigne mondiale Apple, elle a créé un moyen de rendre des fonctions complexes en visuels compréhensifs pour tous. Voici Susan Kare, l’une des pionnières du Pixel Art et précurseuse des émojis.

Ses débuts
Née le 5 février 1954 à Ithaca, dans l’État de New York, Susan Kare a grandi dans une famille passionnée d’art. En 1978, elle est diplômée d’un doctorat en beaux-arts à l’Université de New York et commence sa carrière en travaillant au musée des Beaux-Arts de San Francisco.

Son arrivée dans l’entreprise de Steve Jobs, Apple
Dès 1982, Andy Hertzfeld, ingénieur chez Apple, lui propose un poste de designer graphique pour le Macintosh, l’ancêtre du iMAc, et ce bien qu’elle n’ait aucune expérience en informatique. Elle va alors participer à l’élaboration de Design d’icônes grâce à ses compétences artistiques, et dessine ses premières icônes sur un bloc-notes à petits carreaux. Susan devient en janvier 1983 “Macintosh Artist” pour l’entreprise de Steve Jobs.

Il se trouve que je disposais de petites grilles en noir et blanc pour travailler. Cela me rappelait le travail du point de croix, des motifs de tricot ou des mosaïques. J’ai eu la chance d’avoir une mère qui aimait les travaux manuels. — Susan Kare, entretien avec le Smithsonian Magazine (2019)
Sa mission : humaniser l’informatique
Chargée de créer des icônes et des polices de caractères pour le Macintosh, elle poursuit ses productions avec une idée générale : “ta mère doit pouvoir l’utiliser”. Sa mission au sein de l’entreprise est donc de rendre accessible l’informatique puisque en effet, à cette époque, l’informatique, c’est avant tout des lignes de codes que seuls les plus renseignés peuvent comprendre. L’artiste se lance alors dans une fulgurante aventure avec pour objectif de faire passer un message à travers seulement une icône.


Ainsi, Susan créée ces images que l’on connaît tous : une main pour déplacer un élément, un lasso pour détourer, une disquette pour enregistrer, une bombe lorsqu’il y a une erreur (évidemment, dans le principe que les internautes ne la verraient jamais puisqu’il ne devrait jamais y avoir d’erreurs.)… L’artiste crée à travers son art un réel langage universel, précurseur des émojis que nous utilisons au quotidien.

Dans son parcours, Susan Kare a également créé plusieurs polices de caractères piliers dans le domaine tels que Chicago, qui sera utilisée pendant 20 ans par Apple, mais aussi Geneva, Monaco ou Cairo, qui est une police ne contenant que des icônes.

Elle développe aussi le message “hello” pour la campagne du Macintosh en 1984, qui deviendra un symbole de l’accessibilité informatique, et une marque de fabrique pour la pomme de Steve Jobs.

En 1985, l’artiste suit Steve Jobs chez NeXT, l’entreprise fondée par Steve Jobs après avoir perdu la tête du pouvoir de l’entreprise.
L’après Apple ?
En 1989, elle fonde sa propre société de design graphique, Susan Kare LLP. S’ensuivent alors de nombreuses collaborations, notamment avec Microsoft, où elle conçoit les icônes de Windows 3.0, mais aussi le design des cartes du célèbre jeu Solitaire. Elle contribue au design de nombreuses entreprises mondialement connues comme Facebook, Pinterest mais aussi Niantic Labs, connue aujourd’hui pour Pokemon Go.



Considérée comme une figure majeure incontournable du pixel art et du design numérique, ses œuvres sont exposées au MoMA de New York. Son impact sur le design numérique est encore évidemment très présent aujourd’hui, elle a su révolutionner l’expérience utilisateur en créant des icônes et des polices qui ont marqué l’histoire de l’informatique. Si cet article vous a plus, nous vous invitons à consulter notre article sur Shane Griffin, designer ayant liée art et design pour des collaborations, notamment avec Apple.