Avez-vous déjà exploré cette église à la façade intrigante, véritable joyau du 12e ?

Classée monument historique en 2016, l’église du Saint-Esprit est une curiosité architecturale méconnue du 12e arrondissement. Avec sa façade en briques rouges, sa coupole byzantine et son intérieur sans cesse plongé dans une pénombre mystérieuse, elle abrite un riche patrimoine artistique à découvrir absolument ! Une église née d’un projet ambitieux A la fin des […]

Mar 28, 2025 - 11:07
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Avez-vous déjà exploré cette église à la façade intrigante, véritable joyau du 12e ?

Classée monument historique en 2016, l’église du Saint-Esprit est une curiosité architecturale méconnue du 12e arrondissement. Avec sa façade en briques rouges, sa coupole byzantine et son intérieur sans cesse plongé dans une pénombre mystérieuse, elle abrite un riche patrimoine artistique à découvrir absolument !

Une église née d’un projet ambitieux

A la fin des années 1920, ce quartier du 12e arrondissement connaît une forte croissance démographique après la Première Guerre mondiale. Constatant cette population croissante, le cardinal Verdier lance le projet d’y construire un nouveau lieu de culte. La construction est confiée à l’architecte Paul Tournon, qui doit relever un défi de taille : bâtir une église sur un terrain triangulaire. Pari qu’il réussit en 1934,  lorsque le chantier est achevé  : l’architecte est parvenu à y faire construire une nef carrée, surmontée à 33 mètres de hauteur d’une immense coupole de 22 mètres de diamètre. 

S’inspirant de l’architecture byzantine pour concevoir cette imposante coupole, -et plus précisément de l’ancienne basilique de Sainte Sophie de Constantinople–  l’architecte conçoit un édifice unique en son genre. 

Coupole de l'église Saint-Esprit, Paris - © Adobe Stock
Coupole de l’église Saint-Esprit, Paris – © Adobe Stock

Mais revenons en au cardinal Verdier : surnommé “l’archevêque au cent églises”, il est le créateur des Chantiers du Cardinal, une initiative lancée en 1931. Cette œuvre sociale religieuse (encore active aujourd’hui) avait pour objectif de construire des églises et bâtiments paroissiaux dans les quartiers ouvriers de Paris et sa banlieue. Dans un contexte de crise économique, le cardinal entend christianiser ces quartiers tout en soutenant l’emploi. L’église Saint-Esprit marque ainsi le début de ce projet de longue date, et est sans doute son œuvre la plus imposante. 

Une façade extravagante

Depuis la rue Cannebière, ou l’avenue Daumesnil, difficile de manquer cet édifice aux allures singulières. Avec son clocher culminant à 75 mètres et sa façade en briques rouges, l’église du Saint-Esprit surprend. Sa façade latérale, qui s’étend sur 55 mètres le long de la rue Cannebière, est ponctuée d’une série d’arcades régulières, séparées par des contreforts sur lesquels trônent des sculptures représentant les Arts et Métiers.

Eglise Saint-Esprit, Paris
Eglise Saint-Esprit, Paris

Si elle est recouverte à l’extérieur de briques rouges venues tout droit de Bourgogne, l’église cache bien son jeu, puisque ses murs sont en réalité entièrement en béton armé, ce qui donne à l’intérieur un aspect tout aussi fascinant. Le parvis, axé sur l’avenue Daumesnil, est particulièrement étroit : en l’apercevant, on est loin de se douter de ce qui nous attend à l’intérieur. 

Derrière les murs, une perle rare

Si la façade spectaculaire attire le regard, l’intérieur de l’église du Saint-Esprit réserve une surprise peut-être plus saisissante encore. Dès que l’on franchit les portes, l’immensité du volume frappe en premier : un contraste saisissant avec la façade si étroite.  

Mais ce qui vous marquera surtout, c’est l’atmosphère singulière du lieu : à cause (ou grâce) à son béton brut laissé apparent, l’église est plongée dans une obscurité permanente que quelques vitraux ne suffisent pas à éclaircir. Au fond de la chapelle axiale, derrière le chœur, vous remarquerez tout de même la magnifique fresque de Maurice Denis, La Pentecôte, qui apporte une touche lumineuse à l’ensemble. 

Le lieu abrite un patrimoine artistique exceptionnel, dont la valeur a été reconnue dès 1979 quand, avant même que l’édifice entier ne soit classé monument historique, son décor intérieur obtient la distinction. Sur les murs des bas-côtés, d’autres fresques modernes retracent les grandes étapes de l’histoire de l’église militante puis triomphante du IIe au XXe siècle. Seulement, celles-ci sont plus difficiles à discerner dans la semi-pénombre ambiante. 

Pour la réalisation de ces fresques, Paul Tournon fait appel aux Ateliers d’Art Sacré,  association d’artistes croyants fondée en 1919 et active jusqu’en 1947, œuvrant pour un renouveau de l’art chrétien. Afin d’assurer une unité visuelle, l’architecte impose aux artistes deux règles : représenter les personnages principaux dans un format unique et utiliser la couleur rouge comme fond dominant.

Finalement, l’architecte aura su harmoniser briques bourguignonnes et coupole byzantine : un étrange mélange, pourtant charmant !

Image à la une
Façade de l’église Saint-Esprit © Adobe Stock