New York : un loft de 110m2 au décor sensuel et cinématographique

C'est dans le quartier de Soho à New York que l'architecte d'intérieur Darren Jett s'est employé à remodeler un loft de 110 m2. Il compose ici un décor aux inspirations puisées dans les années 1970 et assemblé dans une expression très sensuelle. Pour MilK Decoration, Darren Jett revient sur ce projet radical.

Mar 26, 2025 - 16:59
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New York : un loft de 110m2 au décor sensuel et cinématographique

Qui êtes-vous et quel est votre parcours ?

Je m’appelle Darren Jett, je suis un architecte et designer installé à New York. Pour revenir sur mon parcours avant de travailler dans le design d’intérieur, j’ai commencé ma carrière dans l’architecture.

Comment décririez-vous votre style ?

Mon travail est cinématographique, sensuel et dramatique. Je suis attiré par des projets qui provoque une émotion. De l’éclairage au choix de matériaux luxueux associés de manière inattendue, je souhaite que mes projets ressemblent à un film… dès que vous franchissez la porte, il doit y avoir un fil conducteur, une histoire qui se tisse, des plus petits espaces aux plus impressionnants. Mon approche du design s’inspire directement du client et de l’espace dans lequel j’opère.

Pour qui avez-vous composé cet intérieur ?

Un célibataire qui achetait sa première maison à New York.

Pouvez-vous revenir sur votre intervention ici ?

Nous avons complètement redistribué l’appartement de 110 m², avec deux chambres et deux salles de bain, en démolissant chaque mur jusqu’à ce qu’il ne reste que la coque architecturale brute. L’objectif de notre client était de conserver le même nombre de chambres et de salles de bains, mais d’optimiser l’emplacement et d’ajouter des fonctionnalités supplémentaires, telles qu’un dressing et une baignoire profonde, qui ne faisaient pas partie de l’appartement d’origine. Il souhaitait également que l’espace destiné à recevoir soit plus cohérent. Enfin, il voulait ajouter un élément de théâtralité à la douche de l’appartement.

Avez-vous rencontré des difficultés spécifiques pendant ce projet ?

Nous avons fait face à plusieurs défis. L’immeuble était extrêmement strict concernant l’emplacement des “zones humides” (cuisine et salles de bains). Nous avons donc dû être très précis car ces espaces ont considérablement augmenté par rapport à leur emplacement initial. Nous avons aussi eu la problématique d’ajouter plus de lumière dans un appartement assez sombre. Nous avons utilisé de nombreux éléments réfléchissants pour apporter de la lumière dans l’espace… des murs miroirs, des surfaces en acier inoxydable et des pierres polies qui font pénétrer la lumière dans l’espace. Dans les zones où la lumière était absente, nous avons choisi d’embrasser des moments plus sombres et plus intimes, mettant ainsi en valeur les espaces plus lumineux.

Comment procédez-vous lorsque vous commencez à travailler sur un projet ? Quel était votre point de départ et quels étaient vos souhaits pour cet intérieur ?

La première étape est toujours de comprendre le client. Je veux vraiment entrer dans sa tête, comprendre ce qui l’a attiré dans cet espace au départ, et où il veut aller. Qui il veut devenir et comment il veut se sentir. Je deviens un peu psychologue finalement. L’étape suivante consiste toujours à comprendre l’histoire de l’espace, en l’écoutant activement. Je passe beaucoup de temps seul dans de nouveaux projets, en essayant d’imaginer son passé et comment cela pourrait influencer son avenir.

Pour ce loft, cette étape d’écoute active de l’espace a été cruciale. J’ai commencé à découvrir le langage d’un loft industriel de Soho, sa vie dans les années 60 et 70, lorsque le quartier est devenu un lieu pour les artistes, et comment il a pu être rénové au fil du temps par les générations précédentes. Ces époques ont guidé les films que nous avons regardés pour mieux comprendre cette période, ainsi que les livres et projets que nous avons référencés. Cela a même influencé le choix des matériaux (blocs de verre, bois d’érable, plateformes recouvertes de tapis, miroirs, etc.)

La phase en collaboration avec mon client m’a permis de comprendre comment il voulait utiliser l’espace, comment il imaginait les lieux de vie et sa façon d’envisager le célibat. L’espace devait être incroyablement sexy, avec des moments de révélations dramatiques, culminant dans la douche ronde ouverte de la chambre principale.

Pourriez-vous revenir sur le choix des matériaux ?

Notre choix de matériaux a été initialement dicté par mon goût pour les années 1970 : l’utilisation de moquette et de blocs de verre. Ce choix a aussi été dicté par les envies de mon client, notamment celle de composer un espace sensuel qui se révélerait petit à petit. Nous avons aussi choisi des matériaux forts pour contraster avec l’architecture du loft. Nous voulions créer un contraster entre le mur en briques et le noyau architectural qui abrite les salles de bains et la cuisine, donc nous les avons habillés d’acier inoxydable et de miroirs. Cela renforçait les références aux années 1970, tout en mettant encore plus en valeur l’architecture du loft par le contraste.

Pour le mobilier, nous avons utilisé principalement des plateformes intégrées recouvertes de moquette, mais autrement nous avons choisi des icônes des années 1980 et 90 comme Ingo Maurer, des formes des années 1960 et 1970 comme les chaises de salle à manger inspirées de l’âge spatial, ou des pièces contemporaines monolithiques à l’image de table de salle à manger en béton de James de Wulf.

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Pouvez-vous expliquer votre choix chromatique ?

Nous avons commencé avec une palette sobre de noir, blanc et acier inoxydable. Notre objectif au départ était d’avoir un ensemble très new-yorkaise et urbain, qui sur un minimalisme élégant. Au fur et à mesure que le projet avançait, nous avons décidé d’introduire les trois couleurs préférées de notre client (le rouge, le bleu et le vert) mais d’une manière plus sophistiquée. Notre client aime le rouge, car c’est une couleur porte-bonheur dans sa culture chinoise, donc nous avons habillé l’entrée et son bureau de tons rouges sophistiqués dans les endroits où il «gagne de l’argent » et où il entre et sort chaque jour. Pour les bleus et les verts, nous avons opté pour des teintes de bleu-vert et de mousse de mer, qui se marient magnifiquement avec notre base noire, que ce soit pour les murs de la salle de bain ou pour les plateformes recouvertes de moquette et la chambre dans un renfoncement avec ses meubles recouverts de moquette.

Chaises vintage de Pierre Gauriche, cuir Kvadrat. Suspension Ingo Maurer, 1980.

Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?

Je travaille sur de nombreux projets passionnants à travers le monde… Une grande propriété avec des clients indo-américains, où toute la maison représente un univers fantastique de saris brodés vintage, de fresques murales, de carrelages et de patines avec une narration inspirée par l’histoire de nos clients. Un loft incroyablement riche et stratifié à New York, inspiré de l’Art nouveau et du Londres des années 1960. Et également des projets, dont un appartement à New York, un projet plus minimaliste sur la High Line, une grande maison à Atlanta en Géorgie et un appartement classique à Chicago.