Cette bastide royale fondée par le fils d’un roi de France abrite un étonnant clocher-château d’eau vital pour ses habitants

On en compte plus de 40 dans le seul département du Lot-et-Garonne, qui figure d’ailleurs comme le département d’Aquitaine le plus riche sur ce point-là. Lieux d’échanges et de vie, avec un plan conçu pour mettre le marché au cœur de la cité, les bastides demeurent de fascinants témoignages de l’époque médiévale qui sont parvenus jusqu’à nous grâce à un formidable travail de préservation. À tel point que beaucoup d’entre elles sont aujourd’hui labellisées et prisées des touristes, comme cette charmante bastide… qui est plus royale !

Une histoire mouvementée derrière le calme apparent

D’abord oppidum celte et place gallo-romaine de commerce, cette bastide royale se développe au XIIIe siècle sous l’impulsion de Philippe III, fils du roi Saint Louis. Malmené pendant la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion et même durant la période révolutionnaire, la commune connaît sans doute l’épisode le plus sombre de son histoire durant la Seconde Guerre mondiale. Le 3 juillet 1944, 1 500 hommes de la Panzergrenadier division “das Gepent”, venant de Cahors et se dirigeant vers Villeneuve-sur-Lot, font feu sur les quelques maquisards présents dans le village. Les opérations de représailles contre les résistants et la population civile durent alors 6 heures, durant lesquelles plusieurs personnes sont torturées et tuées par les Allemands. De nombreuses maisons sont également pillées, mises à sac et quelques-unes incendiées. Un événement depuis connu sous le nom de sac de Tournon-d’Agenais. Malgré ces terribles événements, cette petite bastide en apparence a su conserver tout ce qui fait son charme, à savoir des rues construites autour d’une place centrale à arcades, un plan orthonormé bien parallèle et perpendiculaire et une charte de coutumes qui régit depuis toujours la vie collective et le commerce dans la cité. Mais avant d’admirer toutes les merveilles qui s’y cachent, Tournon d’Agenais demande un premier effort aux curieux : puisqu’elle se trouve en hauteur, il faudra d’abord s’attaquer à un escalier de plus de 200 marches…

 

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L’un des clochers les plus étonnants de France

Chaque entrée de la ville possédant sa porte, chacun est donc libre d’emprunter le chemin de son choix pour arriver au cœur du village : la place principale. C’est ici que plusieurs éléments viennent témoigner du statut de bastide de Tournon-d’Agenais : ses arcades avec couverts pour que le commerce soit effectif toute l’année, une halle, la mairie et un puits. Forte d’un riche passé, la cité du Lot-et-Garonne abrite logiquement de nombreux monuments, véritables témoignages architecturaux du passé, comme le beffroi du XVIIe siècle, dont le clocher abrite une horloge lunaire pour suivre les phases de l’astre de la nuit, la Maison du XIIIe siècle ou encore la salle de l’Abescat, connue comme l’ancienne maison de l’évêque. Et puisqu’il est question de religion, impossible de ne pas évoquer l’église Saint-Barthélemy de Tournon-d’Agenais. En plus d’être inscrit à l’Inventaire général du patrimoine culturel, cet édifice fascine par son style si particulier, notamment ce clocher octogonal fait de béton. Pourquoi un tel matériau ? Car il ne s’agit pas seulement d’un clocher, mais aussi d’un château d’eau. Il y a encore 70 ans, le village de Tournon-d’Agenais n’était pas alimenté en eau courante, les habitants devant se rendre au puits de la place centrale pour récupérer de l’eau. Fatigués par ces trajets quotidiens et désireux d’améliorer la qualité de vie du village, l’idée d’intégrer un château d’eau dans le clocher est née. Ce fameux clocher-château d’eau fut construit en 1955, offrant alors l’eau courante au village.

 

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Des productions artisanales qui font également le charme de la cité

En déambulant dans les ruelles historiques de cette cité classée Plus Beaux Villages de France depuis 2021, les voyageurs ne réalisent pas seulement une charmante balade en terres aquitaines, mais un véritable voyage dans le temps. Une sensation renforcée par les rencontres imprévues et fortuites avec les quelques artisans qui occupent encore les anciennes échoppes. Des rencontres qui sont parfois l’occasion de découvrir d’autres trésors cachés du village, comme la fameuse tourtière. Si chacun a ses propres secrets, la base de cette spécialité artisanale reste la même : une superposition de fines couches de pâtes, de pommes, cuite au four et arrosé d’un sirop légèrement alcoolisé. Un délice qui se démarque également par sa décoration évoquant un chapeau craquelé, composé de morceaux de pâtes huilé et sucré, façonnés à la main et cuits séparément. Mais le secret et la réussite d’une bonne tourtière réside évidemment dans le tour de main de l’artisan, qui se transmet de génération en génération. Renommée pour ses festivités animées, Tournon-d’Agenais célèbre d’ailleurs chaque 15 août sa Foire à la Tourtière. Et puisqu’il est question de spécialités, une autre typique de la commune cache derrière ses arômes uniques une histoire des plus surprenantes : les mystérieux Vins du Tsar. Ayant conquis des personnalités illustres à l’aube du XXe siècle, comme le tsar Nicolas II de Russie, ces délicieux breuvages sont les témoins d’un savoir-faire viticole authentique… qui ne demandent qu’à se dévoiler aux palais des curieux.

 

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Image à la une : Tournon d’Agenais © Adobe Stock