London Fashion Week : Hollie Bowden signe un décor pour le label Completedworks
Après avoir composé le showroom de la marque Completedworks à Londres, l'architecte d'intérieur Hollie Bowden signe la scénographie de la présentation du label lors de la dernière London Fashion Week. Pour MilK Decoration, la décoratrice revient sur ce projet singulier.


Quand et comment avez-vous commencé votre collaboration avec Completedworks ?
J’ai d’abord travaillé avec Anna Jewsbury pour composer le flagship de Completedworks en 2023. Notre relation s’est construite autour de l’échange et a très bien fonctionné dès le début. Anna et moi nous rejoignons créativement parce qu’on tend à transformer la matière, à l’étirer pour concevoir quelque chose d’inattendu.
Pouvez-vous revenir sur votre intervention pour le showroom de la marque ?
Je n’avais pas envie de créer un espace conventionnel pour une marque, j’avais envie de faire entrer les gens dans l’atelier de Completedworks. Une grande partie de ce que fait Completedworks se trouve dans cet espace, comme les bancs de bijoutiers ou la table d’emballage qui jouent un rôle fonctionnel et de présentation important dans l’espace. Cette direction a dicté la palette de matériaux pure, fonctionnelle, durable et belle : des murs en badigeon de chaux et du mobilier en acier inoxydable.
Comment ce nouveau projet pour la London Fashion Week a-t-il vu le jour ?
Il s’est mis en place très naturellement autour d’une conversation avec Anna et l’envie de travailler avec la dramaturge Laura Waldren et l’actrice Debi Mazar. C’était drôle parce que le script et la collection suggéraient une direction assez différente pour le mobilier, quelque chose de très moderne du XXe siècle. Mais dès que j’ai vu l’espace, le magnifique hall Beveridge de la période Art déco tardive au Senate House, j’ai changé mon fusil d’épaule. Et à partir de là, une conversation est née entre le télé-achat des années 90 et le style Art déco, ce qui m’a énormément inspiré. Les deux pièces clés de ce dialogue sont le fauteuil de David Horan pour Béton Brut, qui fait référence à la matérialité du style Art déco et à une forme architecturale presque postmoderne, et la table basse en fonte de John Pawson pour Wonder Glass, qui dégage quelque chose à la fois matériel et virtuel.
Qu’avez-vous le plus aimé dans ce nouveau projet ?
En tant que designer, je pense que j’imagine toujours le récit d’un espace. Ici, j’ai adoré concevoir quelque chose selon l’histoire insufflée par une autre personne, et voir ce projet prendre vie devant un public. Je fais beaucoup de projets résidentiels à long terme, et cela prend des années de développement et de perfectionnement. Ce qui était délicieux dans ce défilé, c’était la chance de le concevoir et de le mettre en scène plus rapidement, en puisant dans un processus créatif vraiment différent.
Comment le fait de travailler dans l’industrie de la mode a-t-il changé votre approche par rapport aux projets résidentiels ?
J’adore adopter mon approche résidentielle pour concevoir d’autres types de projets – ce rapport personnel à la matière, et une échelle plus intime des espaces dans lesquels les gens vivent. Je pense que les projets pour la mode – comme un showroom – me permettent d’être plus expérimentale avec les matières et ont élargi mon champ des possibles lorsque je travaille sur un projet résidentiel.
Pouvez-vous nous parler de votre curation pour ce décor ?
J’ai abordé le décor comme un assemblier. Les meubles se fondent dans les magnifiques panneaux et moulures Art déco qui servent de décor, plutôt que dans un contraste avec un arrière-plan rigide. Toutes les pièces ont un lien avec l’Art déco. Le console Collier and Webb fait référence à une table d’autel, tandis que le fauteuil Béton Brut de David Horan fait référence au travail de Jean Michel Frank. Le tapis Grand de Nordic Knots apportait une belle teinte de bijou, tandis que le lampadaire Azucena de Spazio Leone apporte une touche riche de laiton vieilli.

