Ce magnifique château rénové par Viollet-le-Duc appartient à la même famille depuis 1306

Connaissez-vous les châteaux “clémentins”, ​​nommés d’après le pape Clément V qui les a fait édifier au début du XIVe siècle ? Situés dans le Sud-Gironde, ces forteresses parfaitement conservées offrent non seulement une belle escapade historique, mais également son lot d’histoires fascinantes. À l’image de ce château situé à 1h de Bordeaux, classé “Site exceptionnel de la Gironde” et qui comprend en réalité DEUX châteaux-forts localisés dans la même enceinte.

Un édifice à mi-chemin entre la forteresse et le palais résidentiel

Communément appelé le “Vieux Château”, le premier château datant du XIe siècle était de base une simple motte féodale avec palissade en bois, avant de se complexifier et de se muer en forteresse de pierre. Selon la tradition orale, c’est Charlemagne qui érige à Roquetaillade un premier fortin en bois vers la fin du VIIIe siècle. Si l’organisation exacte du Vieux Château pendant ses premières années est très difficile à décrypter aujourd’hui, l’envergure du site reflète toutefois la puissance de la seigneurie de Roquetaillade à l’époque. Mais au début du XIVe siècle, le Cardinal de la Mothe, neveu du Pape Clément V, reçoit l’autorisation de bâtir un nouveau château avec la permission du roi Édouard Ier d’Angleterre. Deux raisons expliquent la création d’un deuxième château sur le site de Roquetaillade. Si les moyens financiers du nouveau pape Clément V et les charges qu’il a données à son neveu sont non-négligeables, l’autre raison est qu’au Vieux Château, il n’y avait pas de puits. Seulement équipé d’une citerne pour récupérer les eaux de pluie et d’une source se trouvant dans les remparts, au débit incertain et difficilement défendable, cela pouvait se révéler être un énorme handicap en cas de long siège. Efficace de par sa simplicité, ce nouveau château allie les techniques de l’art militaire et du confort seigneurial, devenant l’un des premiers exemples de palais-forteresses en France.

L’un des (nombreux) projets ambitieux de Viollet-le-Duc

Développé sur cinq étages, à savoir une cave voûtée, un rez-de-chaussée sous charpente, un premier étage voûté formant de nos jours la cage d’escalier d’honneur, une seconde pièce couverte de la même façon et un dernier étage, le château de Roquetaillade se distingue toutefois par son imposant donjon central carré. Après une première restauration à l’époque de la Renaissance qui lui fait acquérir les premières cheminées de la région et des fenêtres laissant enfin pénétrer la lumière pour plus de confort, le château passe ensuite entre les mains d’un célèbre architecte : Viollet-le-Duc. Celui qui demeure célèbre pour avoir été responsable des restaurations de grands patrimoines en France tels que Notre-Dame de Paris ou le Mont Saint-Michel est appelé en 1864 par les propriétaires de l’époque pour mettre “au goût du jour” la vieille bâtisse et transformer les intérieurs. Si le chantier dure tout de même de 1864 à 1878, avec une interruption après la chute de Napoléon III en 1870, l’architecte imagine de somptueuses créations à l’intérieur du château, considérées aujourd’hui comme des chef-d’œuvre et classées Monument Historique. Derrière ses façades austères médiévales, c’est tout l’univers du grand architecte qui attend les curieux puisque, dans un style Renouveau Gothique, ses créations se parent de couleurs et de motifs exubérants sont un prélude de l’Art Nouveau.

 

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Une affaire de famille depuis le XIVe siècle

Avec une telle allure, rien d’étonnant à ce que le site à moins d’1h de Bordeaux ait servi de décor à plusieurs films, dont Fantômas contre Scotland Yard, Le Pacte des loups, Docteur Popaul avec Jean-Paul Belmondo ou Les Séducteurs avec Roger Moore, sans oublier son apparition dans des séries comme La Poupée sanglante ou Highlander. Comme si l’histoire de ce monument n’était pas assez folle, il faut savoir que le château savamment restauré au XIXe siècle n’a pas cessé d’être habité depuis ses origines… par les membres d’une même famille. Si Roquetaillade n’a jamais été vendu et qu’il a toujours été transmis par héritage, le nom de la famille a changé trois fois depuis les origines. En 1552, Catherine de La Motte épouse Jean de Lansac et lui apporte le château en dot. En 1789, Marie Henriette, fille du dernier marquis de Lansac, épouse François de Laborie, lui apportant en dot les terres et le château. En 1815, sa fille, Marie-Joséphine de Lansac, se marie avec Hippolyte de Mauvesin et apporte le château dans sa dot. En 1864, leur fils, le marquis Lodoïs de Mauvesin et son épouse Geneviève héritent de Roquetaillade, et ce sont eux qui feront procéder aux importants aménagements intérieurs exécutés par Viollet-le-Duc. Ayant perdu leur unique enfant, ils transmettent ensuite Roquetaillade à leur cousin Hippolyte de Baritault, dont la famille continue encore aujourd’hui l’entretien du château. Un fascinant témoin de la longue histoire de la région qui se dévoile aujourd’hui lors de quelques occasions prestigieuses, comme les Noctambules. Des visites à la nuit tombée qui permettent de découvrir les différents châteaux du Sud-Gironde sous un angle nouveau, mais toujours aussi impressionnant.

 

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Château de Roquetaillade
33210 Mazères

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Image à la une : Château de Roquetaillade © Adobe Stock